abdelhalim berri المدير العام
الإسم الحقيقي : Abdelhalim BERRI البلد : Royaume du Maroc
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| موضوع: La Poudre aux yeux Acte I---Scènes 7-8-9-10-11-12 الأحد 27 فبراير 2011, 21:00 | |
| Eugène LabicheLe titre de la pièce de théâtre :La Poudre aux yeuxACTE IScène VIIMalingear, Ratinois; puis Un Domestique en livrée de chasseur.Malingear, seul. - Elle est très forte, ma femme! (Criant.) Faites entrer le numéro 16!Alexandrine, ouvrant la porte de gauche et appelant. - Le numéro 16!Ratinois, entrant et à part. - En voilà une séance! trois quarts d'heure d'antichambre!...Malingear, sans le regarder et écrivant. - Asseyez-vous!Ratinois. - Monsieur, je vous remercie!... (Il s'assied. A part.) Il écrit une ordonnance! C'est joliment meublé, ici!...Malingear, écrivant toujours et sans le regarder. - Asseyez-vous!Ratinois. - Je vous remercie, c'est fait! (A part.) Ah çà! je me porte comme le Pont-Neuf... Qu'est-ce que je vais luis conter?Malingear, quittant la plume et se retournant vers Ratinois. - Voyons, qu'est-ce que vous avez?Ratinois. - Monsieur, depuis huit jours environ...On frappe plusieurs coups avec la main à la porte de gauche.Malingear, criant. - C'est bien, attendez! (A part.) C'est ma femme qui frappe pour faire croire qu'il y a du monde!...Ratinois, à part. - Le 17 qui s'impatiente!Malingear. - Je vous écoute.Ratinois. - Monsieur, depuis huit jours... quand je dis huit jour, il y en a neuf...je suis allé à Saint-Germain par le chemin de fer et revenu de même. En rentrant chez moi, ma femme me dit: "Comme tu es rouge!... Est-ce que tu es malade?..." Je lui réponds: "Je ne suis pas positivement malade... mais je me sens comme ci, comme ça..." Et j'ai pris un bain de pieds... Voilà comment ça m'est venu!Malingear, à part. - Il a l'air d'un brave homme! (Haut, se levant.) Et qu'éprouvez-vous?Ratinois; embarrassé. - Mon Dieu, bien des petites choses... tantôt d'un côté... tantôt de l'autre.Malingear. - Pas de douleurs de tête?Ratinois. - Non.Malingear. - L'estomac?...Ratinois. - Excellent.Malingear. - Le ventre?...Ratinois. - Très bien.Malingear. - Voyons le pouls?Il lui prend la mainRatinois, à part. - Oh! a-t-il une belle chaîne! Je n'en ai jamais vu de si grosse!...Malingear, à part, avec satisfaction. - Il regarde ma chaîne!...Ratinois, à part. - On voit tout de suite que ce n'est pas un petit roquet de médecin courant après la pratique!Malingear, appliquant son oreille contre le dos de Ratinois. - Respirez... fort! très fort!...Ratinois, à part, se levant. - Je suis curieux de savoir quelle maladie il va me trouver!Malingear. - Cela suffit; je vois très clairement votre affaire.Ratinois. - Ah! (A part.) Il va me couvrir de sangsues!...Malingear. - Mon cher monsieur, vous n'avez absolument rien!Ratinois. - Hein?... (A part.) Il est très fort!... Ah! mais très fort!...Malingear, se mettant à son bureau et écrivant. - Je vais vous prescrire un petit régime!Un chasseur, en grande livrée, entrant par le fond. - Monsieur!Malingear. - Qu'est-ce que c'est? (A part.) D'où sort-il, celui-là?Ratinois, à part. - Il a un chasseur!Le chasseur, présentant une lettre sur un plat d'argent. - C'est une lettre qu'on apporte de la part de madame la duchesse de Montefiascone.Malingear, prenant la lettre, très étonné. - Pour moi!... (A part.) Je ne connais pas!Il se lève.Ratinois, à part. - Il soigne des duchesses!...Malingear, regardant la lettre et à part. - Tiens, l'écriture de ma femme!... (A Ratinois.) Vous permettez?...Ratinois. - Faites donc!Malingear, à part, lisant. - "Lis cette lettre tout haut." (Parlé.) Ah! il faut lire! (Lisant très haut.) "Cher docteur, je vous dois la vie..."Ratinois, à part. - Eh bien, j'aurais confiance dans cet homme-là, moi.Malingear, lisant. - "Jamais je ne pourrai m'acquitter envers vous. Permettez-moi de vous envoyer ces quatre mille francs, comme un faible témoignage de mon inaltérable gratitude."Ratinois, à part. - Quatre mille francs! d'un seul coup!Malingear, à part, mettant les billets dans sa poche. - Ce sont ceux que je lui ai remis pour payer le tapissier.Ratinois. - Et il met ça tranquillement dans sa poche... Je suis sûr que ses habits en sont bourrés! Quel beau parti pour Frédéric!Malingear. - Ah! il y a un post-scriptum. (Lisant.) "Méchant docteur, vous ne voulez donc pas être de l'Académie?... et pourtant vous n'avez qu'un mot à dire..."Ratinois, avec admiration. - Oh! dites-le! dites-le!Malingear. - Je ne suis pas ambitieux!... (On frappe encore à la porte de gauche.) Un moment! attendez!Ratinois, à part. - C'est plein de monde par là! (Haut.) Je me retire!...Malingear, prenant un papier sur son bureau. - Voici votre ordonnance... (Lisant.) "Bordeaux, côtelettes, biftecks..."Ratinois. - Tiens! c'est une note de restaurant.Malingear, lui remet l'ordonnance, et le salue. - Monsieur...Ratinois, à part, tirant sa bourse. - Je voulais lui donner dix francs; c'est bien maigre, à côté de la duchesse... Quel beau parti pour Frédéric!... Bah!... je vais allonger mes vingt francs!... (Il les met discrètement dans le plat qui est sur le guéridon.) Je crois qu'il ne m'a pas vu! (Il reprend ses vingt francs, et les fait sonner contre le plat. Malingear s'incline. A part.) Il m'a vu!...Il remonte.Scène VIIILes Mêmes, Un MonsieurUn Monsieur, entrant brusquement par la gauche. - Enfin, j'y suis! m'y voilà!Malingear. - Qui êtes-vous? que voulez-vous?Le Monsieur. - C'est mon tour... j'ai le numéro 17.Malingear, étonné, à part - Ah! un client! un vrai!...Ratinois, à part. - On se l'arrache!Le Monsieur, à Malingear. - Je souffre depuis longtemps d'une affection...Malingear. - Pardon... je suis à vous...Ratinois. - Docteur, je vous laisse...Malingear. - Vous m'excusez?...Ratinois. - Comment donc? ne vous dérangez pas!... (A part en sortant.) Quel beau parti pour Frédéric! C'est trop beau... ils ne voudront jamais s'allier à de petits bourgeois comme nous!... (Haut.) Docteur... j'ai bien l'honneur... (Il ouvre la porte du fond, et on aperçoit le chasseur qui le reconduit. Faisant des politesses au chasseur.) Merci!... ne vous donnez pas la peine...La porte se referme.Scène IXLe Monsieur, MalingearMalingear. - A nous deux!... Nous disons que vous souffrez depuis longtemps d'une affection...Le Monsieur. - Oh! ça va mieux maintenant... (Lui présentant un papier.) Voici ma petite facture pour un meuble de salon...Malingear. - Quoi!... un meuble de salon?Le Monsieur. - Je suis votre tapissier.Malingear. - Comment!Le Monsieur. - C'est Madame qui m'a prié de rendre le numéro 17... C'est très malin, ce que vous faites là.Malingear, protestant. - Je vous assure que c'est à mon insu.Le Monsieur. - Il n'y a pas de mal... Est-ce que chaque état n'a pas ses petites ficelles? Moi-même...Malingear. - Monsieur... je vous prie de croire... (A part.) Ma femme me compromet.Le Monsieur. - Voici mon mémoire, se montant à la somme de quatre mille francs...Malingear. - Permettez que j'examine... Oh! oh! un fauteuil, cent cinquante francs!...Le Monsieur. - C'est tout au juste.Malingear. - Et les chaises quatre-vingts!...C'est exorbitant!Le Monsieur. - Comment! vous allez me marchander... après le service que je viens de vous rendre!Malingear. - Quel service?Le Monsieur. - Eh bien, le numéro 17! Je suis votre petit 17!Malingear, impatienté. - Allons! c'est bien!... Acquittez votre mémoire.Il prend une plume sur le bureau et la lui donne.Le Monsieur. - Tout de suite!Il signe sur le guéridonMalingear, lui remettant des billets de banque. - Voici votre argent.Le Monsieur. - Merci! (Tout en comptant ses billets.) Dites donc, docteur, une autre fois, si vous avez besoin de quelqu'un... je vous recommande mon frère... un paresseux...Malingear. - Pour quoi faire?Le Monsieur. - Il a un habit... il sera très modéré.Malingear. - En voilà assez!... Vous êtes payé... je ne vous retiens pas.Le Monsieur, sortant à part. - C'est égal; c'est un vieux malin!Il sort par le fond.Scène XMalingear, Madame Malingear; puis EmmelineMalingear, seul. - Vraiment, madame Malingear me fait jouer un rôle ridicule...Madame Malingear, entrant. - Eh bien, as-tu payé le tapissier?Malingear. - Oui... le numéro 17.Madame Malingear. - C'est une bonne idée que j'aie eue là...Malingear. - Je vous en fais mon compliment!... Vous me faites passer pour un charlatan aux yeux de cet homme.Madame Malingear. - Oh! un tapissier!Malingear. - C'est comme ce grand escogriffe en livrée...Madame Malingear. - Comment! tu ne l'as pas reconnu?Malingear. - Non.Madame Malingear. - C'est le chasseur du premier.Malingear, s'oubliant. - Il est superbe! (Changeant de ton.) Mais tu vas me rendre la fable de la maison! Il bavardera, c'est inévitable!Madame Malingear. - Il fallait bien quelqu'un pour porter la lettre de la duchesse...Malingear. - Ca, pour la lettre de la duchesse, je ne dis rien: c'est gentil, c'est bien trouvé... surtout la fin... le post-scriptum...Madame Malingear. "Méchant docteur..."Malingear. - "Vous ne voulez donc pas être..."Madame Malingear. - "De l'Académie?..." Quelle figure faisait M. Ratinois?Malingear. - Il est resté épaté... Tu ne sais pas...il a regardé ma chaîne.Madame Malingear. - Ah! je te dis qu'ils sont sortis éblouis... charmés... tous les deux.Malingear: - Tu crois?Madame Malingear. - Et demain... pas plus tard que demain... nous entendrons parler d'eux.Malingear, apercevant sa fille qui entre. - Chut! Emmeline!Emmeline. - Maman, il n'y a plus de sucre râpé.Madame Malingear. - Voilà la clef de l'office.Malingear, à Emmeline, qui se dispose à sortir. - Eh bien, tu ne m'embrasses pas?... (L'embrassant.) Chère petite!... Ton père vient de se donner bien du mal pour toi!Emmeline. - Quoi donc?Malingear. - On ne peut pas le dire... ne le répète pas... c'est un secret.Emmeline. - Sois tranquille. (A part.) Il s'agit de mariage. (Haut.) Oh! je ne te le demande pas! Approche donc... il y a à ta redingote un bouton qui ne tient pas.Malingear. - Veux-tu me le recoudre?Emmeline. - Volontiers... J'ai justement de la soie noire.Malingear ôte a redingote et la remet à Emmeline, qui s'assoit pour recoudre le bouton.Malingear, à part. - Est-elle gentille! Eh bien... si j'étais madame Ratinois... (montrant sa fille qui coud) c'est comme cela que je l'aimerais!Scène XILes Mêmes, Sophie; puis AlexandrineSophie, entrant avec un panier sous le bras. - Me v'là!... J'arrive du marché...Madame Malingear. - Vous y avez mis le temps!Sophie. - Madame veut-elle compter?Madame Malingear. - Oui... Donnez-moi votre livre.Sophie. - Le v'là, madame.Elle donne le livre à sa maîtresse, et pose à terre son panier d'où l'on voit sortir un chou.Madame Malingear, se mettant au bureau et comptant. - "Du 15. - Lait, deux sous; un lapin, cinquante sous..." (Parlé.) C'est horriblement cher!Sophie. - Madame, il y a une maladie sur les lapins.Malingear, un journal à la main. - Une maladie?...Sophie. - Oui, monsieur.Malingear. - Je n'en ai rien su.Madame Malingear, continuant. - "La bretelle à Monsieur, cinq sous." (Parlé.) Comment, la bretelle?Sophie. - La boucle qui s'avait cassé.Malingear, à part. - Que dirait la duchesse de Montefiascone, si elle assistait à ce tableau de famille?Madame Malingear, continuant. - "Du 16. - Un chou, dix-huit sous..." (Se récriant.) Dix-huit sous!Sophie. - Il est frisé, madame.Alexandrine, entrant vivement. - Madame... c'est une visite!Toute La Famille, se levant. - Une visite!Alexandrine. - M. et madame Ratinois.Madame Malingear. - Eux?Malingear. - Déjà?Emmeline, à part. - Quel bonheur!Madame Malingear, à Alexandrine. - Faites entrer! (Alexandrine sort. A Sophie, lui remettant son livre.) Vite, filez!...Sophie sort par la droite.Malingear. - Ma redingote!Il la remet vivement.Madame Malingear, à Emmeline. - Toi, mets-toi au piano... la tête en arrière, et fais des roulades!... Ah! mon Dieu! et le panier!...Elle le prend, parcourt la scène pour le cacher; elle finit par le fourrer sous la table en laissant retomber le tapis. Emmeline fait des roulades. M. et madame Ratinois paraissent au fond.Scène XIIM. et Mme Malingear, Emmeline, Ratinois, Madame RatinoisMadame Ratinois est en grande toilette. M. Ratinois porte un habit, une cravate blanche et des gants blancs.Madame Ratinois. - Madame!...Ratinois. - Docteur!...Madame Malingear, à madame Ratinois. - Quelle heureuse surprise! Etes-vous enfin décidée à prendre l'appartement?Ratinois. - Non, nous ne venons pas positivement pour ça... (A part.) Dieu! que je suis ému!Malingear, à Ratinois. - Votre indisposition se serait-elle aggravée?Ratinois. - Merci, ça ne vas pas mal!Madame Ratinois. - Nous venons pour autre chose...M. et Madame Malingear, feignant l'étonnement. - Pour autre chose?...Emmeline, à part. - Le père a une cravate blanche... c'est pour la demande!...On s'assied; Emmeline reste debout près du piano.Ratinois, très ému. - Nous avons une communication à vous faire... une de ces communications... (A sa femme.) Parle, toi!Madame Ratinois. - Intime et confidentielle...Emmeline. - Maman, mon professeur de dessin est là qui m'attend!Madame Malingear. - Va, mon enfant.Malingear, à part. - Est-elle intelligente!Emmeline, saluant. - Madame!... monsieur!...M. et Madame Ratinois. - Mademoiselle!...Emmeline sort.Malingear. - Nous voilà seuls!Madame Ratinois, bas à son mari. - Parle! courage!...Ratinois, bas. - C'est inutile... ils ne voudront pas.Madame Malingear. - Nous vous écoutons.Ratinois, très ému. - Monsieur et madame... je suis père... j'ai un fils unique... Frédéric...Malingear. - Nous le connaissons.Madame Malingear. - Un charmant jeune homme! qui veut bien quelquefois honorer nos salons de sa visite...Ratinois, bas à sa femme. - Nos salons!... Tu vois, ils ont plusieurs salons... ils ne voudront jamais!Madame Ratinois, à son mari. - Mais va donc!...Ratinois. - Ce jeune homme, qui est avocat, n'a pu voir votre demoiselle... votre honorable demoiselle... sans songer à une alliance... qui l'honorerait... en nous honorant... s'il pouvait entrer dans votre honorable famille... que tout le monde honore.Madame Malingear, jouant l'étonnement. - Comment!...Malingear, de même. - Est-il possible!...Ratinois, bas à sa femme. - Là!... tu vois!... Allons-nous-en!Malingear. - Monsieur, je vous avoue qu'une pareille demande... faite à l'improviste... nous surprend un peu!Ratinois, de même. - Allons-nous-en!Malingear. - Un mariage est une chose délicate... et nous vous demandons la permission de nous consulter... de réfléchir.Madame Ratinois. - Comment donc!... c'est tout naturel!Madame Malingear. - Dans quelques jours nous vous ferons connaître notre réponse!On se lève.Ratinois, à part. - Ils ne refusent pas! (Haut.) Ah! madame!... ah! docteur!... ah! ma femme!...Madame Malingear, bas à son mari. - Eh bien, la poudre aux yeux?...Malingear, de même. - C'est admirable! Je suis converti! (Très haut à sa femme.) Chère bonne, priez la femme de chambre de dire au domestique de dire au cocher d'atteler Brillante et Mirza... Je dîne chez la duchesse!M. et Madame Ratinois, avec admiration. - Chez la duchesse!Malingear, à part. - V'lan dans les yeux!... | |
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