abdelhalim berri المدير العام
الإسم الحقيقي : Abdelhalim BERRI البلد : Royaume du Maroc
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| موضوع: Conte : histoire drôle de JOUHA الإثنين 25 نوفمبر 2013, 16:17 | |
| Les histoires de J'ha : fables, contes et légendes Par Camus
J’ha entend un marchand crier dans la rue : — Qui veut les acheter, une poule et ses sept poussins ! J’ha sort vite de la maison et s’écrie en les voyant : — Comme ils sont mignons ! Que faut-il vous payer pour cette poule et ces poussins si beaux ? Le marchand est un géant noir et qui n’est autre que le chef d’une bande de quarante voleurs. — Toute la monnaie que tu possèdes, est le prix de cette volaille, lui répond il. J’ha ne se laisse pas prier, il court chercher la tirelire de sa maman et la donna au vendeur. Sa mère revenue de ses courses, s’attendrit en voyant la poule et ses petits. — Comme ils sont attendrissants ! J’espère que tu ne les as pas payé cher ? Mais en entendant les conditions du marché, elle se frappe les cuisses, se griffe les joues et se désole du manque d’intelligence de son fils. — Hélas ! Mon argent ! N’ai-je pas travaillé pour chaque franc ? N’ai-je pas subi des affronts de mes patrons pour chaque centime gagné ? N’ai-je pas travaillé sous le soleil brûlant et sous la pluie froide pour cet argent ? Et quand est amassé un petit pécule n’est-ce pas avec un manque de sagesse, que mon fils a tout gaspillée ? Vas, sors de cette maison et ne reviens plus. Je ne veux plus t’entretenir, disparais ! Adieu, sors de ma vie ! J’ha s’en va et avec lui sont mis a la porte, sa poule et ses poussins. Il se promène un peu partout, ne sachant quoi faire de sa personne, très contrarié de la conduite maternelle. Fatigué et ennuyé, il s’installe dans un coin, et se met à réfléchir à son sort et plongé dans ses pensées, il s’endort d’un profond sommeil, la poule et les poussins posés dans le capuchon de son burnous.
Mais voila que vient a passer le marchand voleur qui l’a roulé auparavant, et avec un sourire ironique au coin des lèvres, il décide de tromper encore une fois ce naïf J’ha et lui vole sa volaille. Il emporte la poule et ses poussins chez lui, les égorge, les pose dans un plateau, les arrose abondamment d’huile d’olive, les sous poudre de sel et d’harissa et les emmène au four de la ville. Cependant J’ha se réveille, découvre le vol et erre triste et nerveux dans les rues, sans but précis. Il aperçoit bientôt son voleur, son plateau soulevé sur la paume de sa main, et il décide de le suivre. Le bandit arrive au four et donne ses instructions à l’enfourneur. — Quand ce sera cuit, je viendrai prendre le plateau, mais si j’envoie quelqu’un a ma place, il te pincera l’oreille comme signe que je l’ai envoyé.
J’ha a écouté le dialogue et après une heure il revient au four, pince l’oreille de l’employé du four, prend les poulets cuits, et avant de quitter les lieux, il écrit avec un bout de charbon sur le mur du four :
Vous avez volé ma poule et ses sept petits,
Attendez ma vengeance qui est en route,
Vous n’avez été ni noble ni gentil,
Mon prochain coup sera dur, pas de doute.
Signé : J’ha fils de J’ha.
Il retourne à la maison chez sa mère qui a déjà regretté son renvoi et sa colère. Elle fait des remontrances à ses ongles d’avoir griffé ses joues, à ses mains qui ont tapé ses cuisses et a sa langue coupable du congé de son fils adoré, elle est contente de le revoir et les deux se réjouissent de leurs retrouvailles et du repas. Peu après il sort, et va aux nouvelles. Pendant ce temps, l’un des brigands arrivé au four ne trouve ni poule, ni poussins, mais seulement l’inscrïption sur le mur. Il pousse un juron, pose des questions et devant l’air agressif de l’enfourneur qui a sa pèle a la main, il retourne sur ses pas raconter a son chef le déroulement des événements. J’ha le suit et arrive au refuge des bandits, caché par un bois aux confins de la ville.
Le lendemain il achète des bagues, des bracelets et des colliers de couleurs vives, attrayantes chez les Noirs et monté sur son âne, il revient a la maison abritant les quarante et un voleurs. Ces derniers sont justement en sortie professionnelle et seule la femme du chef est la. J’ha lui propose une bague, qu’elle prend a travers l’huis de la porte. — Elle est trop petite ! Dit elle. J’ha lui propose une autre, mais elle est trop grande. — Ouvre, tu peux me faire face, je ne te mangerai pas ! Il faudrait que j’essaie moi-même la bague. Sitôt a l’intérieur, il assomme la pauvre femme, choisit parmi les richesses accumulées pendant des années, ce qu’il y avait de plus précieux et pas trop encombrant et en remplit les paniers de son âne, non sans avoir écrit auparavant sur le parterre de la cour :
Vous avez volé ma poule et ses sept petits,
Attendez ma vengeance qui est en route,
Vous n’avez été ni nobles ni gentils,
Mon prochain coup sera dur, pas de doute.
Signé : J’ha fils de J’ha.
Et sans perdre de temps, il retourne chez sa mère et étale devant elle ses richesses.
Les brigands arrivés au repaire, voient le cadavre de la malheureuse, enfoncent la porte et découvrent le vol et l’inscrïption de J’ha et jurent de se venger, des que l’occasion se présentera. Ils font le serment : "Nous caquerons sur sa tombe, après l’avoir liquidé."
Le lendemain, J’ha se déguise en femme et vient frapper a la porte des voleurs, et demande l’hospitalité pour une journée ou deux. Les bandits pensent que leur chef étant privé de femme, il serait bon de trouver une personne pour faire la cuisine, le ménage et garder le logis en leur absence. — Tu peux rester tant que tu veux, si tu acceptes d’épouser l’un de nous. — Pourquoi pas, si c’est un honnête homme ? Sitôt dit, sitôt fait, bonne affaire se disent les hôtes, et tous ensemble s’affairent a préparer le mariage de J’ha avec leur chef. Comme ils sont nombreux, les fonctions sont départagées, l’un coupe le bois, l’autre fait chauffer le hammam, le troisième et le quatrième s’affairent a la cuisine, certains préparent les tables, les amateurs d’art préparent des guirlandes et chacun donnant du sien le mariage a lieu le soir et bientôt le chef Graunait se retire dans sa chambre avec son "épouse".
A peine entrés, J’ha sort une matraque cachée sous sa fouta et frappe le chef Graunait, il le ligote et le suspend a une poutre. Sans perdre une minute, il amasse tout ce qu’il trouve de précieux a porté de la main, enroule le tout dans son sari dont il attache les bouts, et a l’aide de son bâton, il en fait un baluchon, et profitant de l’obscurité, il s’enfuit, mais avant de partir il écrit avec un morceau de charbon sur le mur de la maison :
Vous avez volé ma poule et ses sept petits,
Attendez ma vengeance qui est en route,
Vous n’avez été ni nobles ni gentils,
Mon prochain coup sera dur, pas de doute.
Signé : J’ha fils de J’ha.
J’ha arrive chez sa mère, qui est déjà folle d’inquiétude et il étale devant elle son nouveau butin, la rassure, lui promet d’être prudent, les rennes de cette épopée étant entre ses mains, elle n’a rien a craindre.
Cependant les brigands veulent savoir ou en est leur chef, ils s’approchent de la porte nuptiale et demandent à haute voix de ses nouvelles. Sa réponse ne se fait pas attendre : — Ana maa’lek ! Crie-t-il. Ce qui veut dire : je suis suspendu. Ses subordonnés comprennent : — Ana maa’nek, autrement dit : je suis enlacé.
Deux fois encore, on lui pose la même question, et on reçoit la même réponse qui est mal interprétée. On le laisse donc "à ses ébats". Mais comme le temps passe et qu’il ne montre pas "patte blanche", on décide de demander une nouvelle fois ce qui se passe, et comme réplique, il les supplie avec l’énergie du désespoir de le secourir : — Ana maa’lek, je suis suspendu. Cette fois-ci, une fine oreille l’entend distinctement et la porte est enfoncée. Graunait libéré, est contusionné et mal en point. Les bandits trouvent l’inscrïption de J’ha et refont le serment d’en finir avec lui.
Le lendemain J’ha déguisé en médecin, se rend au refuge des quarante et un voleurs et leur propose ses services. — Je suis le docteur Salah, si vous avez des bobos, des maux de ventre, une fracture vous aurez besoin de mes services. J’ha est invité aussitôt a donner ses soins au chef Graunait. Après un examen approfondi, J’ha ordonne : — Chauffez le hammam et laissez moi seul avec le malade. J’ai besoin aussi de vingt bouteilles d’huile. Le traitement sera douloureux, et chaque fois que vous entendrez votre chef crier, répondez tous en chœur : "Bonne guérison". Sous aucun prétexte, je ne veux être dérangé.
J’ha entre au hammam, et Graunait y est introduit aussi. Sitôt la porte fermée et verrouillée de l’intérieur, le faux médecin donne un grand coup de gourdin au malheureux patient qui pousse un grand cri auquel les voleurs répondent à l’unisson :
— Nos souhaits de bonne guérison.
J’ha renverse le contenu d’une grande bassine d’eau bouillante sur son malade qui pousse un cri affreux auquel les brigands répliquent :
— Nos souhaits de bonne guérison.
J’ha donne ensuite le coup de grâce, a l’aide de sa massue. Un léger cri, et c’est la fin. Il n’y a pas de répartie à cette plainte, les personnes à l’écoute, étant arrivées à la conclusion logique qu’un gémissement si faible est le signal du rétablissement proche. J’ha verse de l’huile parterre, et cassant les bouteilles en mille morceaux, il éparpille les segments. Il déverrouille la porte et invite les quarante naïfs à aller visiter leur chef.
— Monsieur Graunait est complètement rétabli et il vous attend dans son bain. Les innocents crédules, font irruption à l’intérieur et glissent sur le sol mouillé d’huile, la vue n’est pas si bonne a cause du brouillard du a la vapeur blanche. Ils tombent l’un sur l’autre et forment une belle pyramide. Ils poussent des cris de douleur en se blessant sur les bouts de verre cassés, pendant que J’ha tourne la clef dans la serrure. Avant de partir, Docteur J’ha fait un razzia sur tout ce qu’il peut emporter de la richesse inestimable et fourre le tout dans les paniers de son âne. Et prenant un morceau de charbon, il calligraphie des jolies lettres qui en devenant des phrases donnent :
Vous avez volé ma poule et ses sept petits,
Je vous ai montré de quel bois je me chauffe,
Vous verrez, mon châtiment sera terrifiant,
Vous n’avez pas d’envergure ni de voleurs l’étoffe,
Ceci n’est que le début d’un match horrifiant.
Signé : J’ha fils de J’ha.
La maman J’ha accueille son fils avec un soupir de soulagement. — Je n’ai pas besoin de tous ces trésors J’ha. Je suis folle d’inquiétude. Ils finiront par t’avoir. Prenons la poudre d’escampette. — Maman chérie, ne t’angoisses pas. Demain, ils ne me rechercheront point, pour la bonne raison qu’ils vont enterrer leur chef et son épouse. Veux tu m’aider a mettre au pied le prochain acte ? — Oui fils, que faut-il faire ? — Je vais creuser une tombe au cimetière, je m’allongerai dedans. Tu viendras pleurer ma mort, en rappelant la poule et les sept poussins. Des que l’attention des quarante voleurs sera attirée, tu repartiras, je m’occuperai du reste. Sois tranquille maman adorée.
Le lendemain comme prévu, les malfaiteurs viennent ensevelir leurs morts. Entendant des sanglots ils se retournent et voient la maman de J’ha éplorée. — Mon petit, tu as pris a cœur cette histoire de poule et de ses sept poussins. Tu es vaincu, terrassé par tant de chagrin et de projets de vengeance. Pourquoi tant d’entêtement mon chéri ?
Les brigands, entendant qu’il s’agit d’une poule et de sept poussins, comprennent que J’ha est parti a l’au-delà. — Chère Dame, vos pleurs ne réveilleront pas ce défunt. Allez vous reposer chez vous, nous nous occuperons de nos décédés et du votre, proposent-ils.
Dès que la maman est partie, les compères décident de se venger, comme promis. N’ont-ils pas fait le serment de caquer sur son tombeau ? Le premier se déculottant se met en position de faire ses besoins sur la tombe ouverte, le postérieur tourné vers le trépassé. J’ha qui l’attend, sort d’une petite niche un fer rougi et marque le cambrioleur dans la partie grasse de son arrière train. Le brûlé pousse un cri effrayant : — Même sa tombe est brûlante.
Le deuxième en s’accroupissant le derrière nu, subit le même sort, tout comme le troisième, le quatrième et ainsi de suite. Les bandits s’enfuient peureux comme des lapins...
J’ha sorti de sa tombe se rend directement chez le bey, porter plainte. — Son Altesse, je viens demander justice. Mon père, paix à son âme, possédait quarante esclaves. A sa mort, les impies ont prit la clef des champs. — Tu sais ou les trouver ? — Oui Son Altesse, ils habitent la même maison aux confins de la ville, et vivent de vols et cambriolages. Le bey envoie les chercher avec un mandat de se présenter à son jugement. Quand ils sont la, le bey leur expose la plainte. — C’est un menteur Son Altesse, il nous poursuit sans raison, s’écrient-t-ils tous ensemble. Le souverain demande a J’ha de prouver ses dires. — Ce n’est pas difficile, Son Altesse, mon père les marquées de son nom sur la fesse droite. — Contrôlez ! Ordonne le bey à ses commissaires. L’examen prouve que J’ha a dit vrai. — Ces esclaves t’appartiennent, proclame le haut juge. Justice est faite. — Monseigneur, répond J’ha modestement, mes moyens ne sont plus ce qu’ils étaient. Je ne peux plus les entretenir. Je vous en fais cadeau. — Fort bien ! Accepte le haut dignitaire. Mais en échange, je t’offre une oliveraie au Sahel, une villa a Nabeul, et un bâtiment a Tunis, Avenue de Paris. — Mais non ! Non ! Non ! Proteste le modeste J’ha. — Telle est ma volonté décide le bey.
Et si c’est sa volonté, que faire a part accepter ? Et s’il vous arrive la même chose, je vous conseille d’obéir. | |
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