II. Applications
1. Les trois séries suivantes évoquent chacune un thème, lequel ? Elles comportent chacune un intrus, trouvez-le.
a) Puits, crevasse, plonger, gouffre, descendre, caverne, abîme, chute, dévaler.
b) vague, bateau, poisson, voile, ville, détroit, quille, port.
c) Printemps, nid, nourriture, naissance, aube, début, berceau, commencement.
d) Compact, foule, dense, successif, serré, nombreux, multitude, entasser.
2. Identifiez le champ lexical dominant dans cet extrait. En quoi cela éclaire-t-il le sens de la dernière phrase ?
Il y eut la lessive, le linge qui sèche, le repassage. Le gaz,
l’électricité, le téléphone. Les enfants. Les vêtements et les
sous-vêtements. La moutarde. Les soupes en sachets, les soupes en
boîtes. Les cheveux : comment les laver, comment les teindre, comment
les faire tenir, comment les faire briller. Les étudiants, les ongles,
les sirops pour la toux, les machines à écrire, les engrais, les
tracteurs, les loisirs, les cadeaux, la papeterie, le blanc (1), la
politique, les autoroutes, les boissons alcoolisées, les eaux minérales,
les fromages et les conserves, les lampes et les rideaux, les
assurances le jardinage. Rien de ce qui était humain ne leur fut
étranger.
Georges PEREC,
Les Choses(1) le blanc: le linge de maison
3. Faites le repérage des principaux champs lexicaux utilisés dans ce
poème d’Arthur RIMBAUD. Rédigez ensuite un paragraphe d’analyse du
poème à partir de l’étude de ces champs lexicaux.
Le dormeur du valC’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Poésies, 1870
Les champs et les réseaux lexicaux Corrigés des exercices
1. Les trois séries suivantes évoquent chacune un thème, lequel ? Elles comportent chacune un intrus, trouvez-le.
a) Puits, crevasse, plonger, gouffre, descendre,
caverne, abîme, chute, dévaler.
Dans cette série, le thème évoqué est celui de
la chute (vers le bas, donc). L’intrus est le mot "
caverne" : une caverne est seulement
un espace creux.b) vague, bateau, poisson, voile,
ville, détroit, quille, port.
Dans cette série,
le thème évoqué est celui de l’eau, voire de la
mer. L’intrus est le mot "
ville" : bien des villes ne sont pas situées au bord d’une rivière ou de la mer !
c) Printemps, nid, nourriture, naissance, aube, début, berceau, commencement.
Dans cette série,
le thème évoqué est celui de la naissance. L’intrus est le mot "
nourriture" : ce terme n’évoque pas l’idée de naissance, mais plutôt, dans certains contextes, celle de croissance
d) Compact, foule, dense,
successif, serré, nombreux, multitude, entasser.
Le thème général est celui de la foule (ou de l’abondance). L’intrus de cette liste est "successif", car s’il indique un pluriel, il n’insiste aucunement sur cette notion de foule.
Corrigé de l’exercice 2Identifiez le champ lexical dominant dans cet extrait. En quoi cela éclaire-t-il le sens de la dernière phrase ?
Il y eut la lessive, le linge qui sèche, le repassage. Le gaz,
l’électricité, le téléphone. Les enfants. Les vêtements et les
sous-vêtements. La moutarde. Les soupes en sachets, les soupes en
boîtes. Les cheveux : comment les laver, comment les teindre, comment
les faire tenir, comment les faire briller. Les étudiants, les ongles,
les sirops pour la toux, les machines à écrire, les engrais, les
tracteurs, les loisirs, les cadeaux, la papeterie, le blanc (1), la
politique, les autoroutes, les boissons alcoolisées, les eaux minérales,
les fromages et les conserves, les lampes et les rideaux, les
assurances le jardinage. Rien de ce qui était humain ne leur fut
étranger. Georges PEREC,
Les Choses(1) le blanc: le linge de maison
Dans cet extrait,
le lexique dominant est celui de la vie quotidienne matérielle au XXe siècle : les activités domestiques (les repas, la lessive, la toilette…) ou
professionnelles ("étudiants", "politique") ; le monde moderne (monde
rural : "les engrais", "les tracteurs" ; univers urbain : "autoroutes").
L’adjectif "humain" de la dernière phrase renvoie à l’ensemble de ce
lexique. Or, il ne s’agit là que d’activités mécaniques dans lesquelles
l’homme ne manifeste ni son intelligence ni sa sensibilité.
Paradoxalement, donc, l’humanité de notre fin de siècle se réduirait à
sa matérialité. Au-delà du paradoxe, elle serait donc menacée de
disparition, étouffée par "
Les Choses" !
3. Faites le repérage des principaux champs lexicaux utilisés dans ce
poème d’Arthur RIMBAUD. Rédigez ensuite un paragraphe d’analyse du
poème à partir de l’étude de ces champs lexicaux.
C’est un trou de verdure où chante une rivière Accrochant follement aux herbes des haillons D’argent ; où le soleil, de la montagne fière, Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons. Un soldatjeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuquebaignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue, Pâle dans son litvert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme : Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dortdans le soleil, la main sur sa poitrine Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
| On note dans ce texte la présence de différents réseaux lexicaux. Leur analyse permet de mieux comprendre le passage, les principaux thèmes et surtout les relations qui unissent ces thèmes: |
Dans une nature luxuriante, baignée par une forte lumière, un soldat dont on détaille les parties du corps semble dormir. Mais de nombreuses expressions sont inquiétantes et on découvre bientôt qu’en fait, il est mort.
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NB: il ne s’agit là que d’une partie de l’analyse. Dans un commentaire de texte, il faudrait bien sûr citer le texte, compléter l’analyse (par exemple par le repérage de ce qui concerne les couleurs, les sensations, mais aussi les figures de style, les remarques grammaticales, etc. etc.) |