Écrire une nouvelle fantastique
Première
étape :
choisir un personnage, un thème fantastique
Un récit fantastique est un récit où l’auteur présente sans
y croire des êtres et des événements effrayants et
réellement impossibles.
Le récit fantastique se caractérise par l’irruption brutale
et menaçante du surnaturel dans un monde qui ressemble au
nôtre. Le phénomène y devient une agression interdite,
menaçante, qui brise la stabilité d’un monde dont les lois
étaient jusque-là cohérentes, rigoureusement logiques et
immuables. Il est l’Impossible, ce qui ne peut pas arriver
et qui se produit cependant.
L’élément essentiel du récit fantastique est donc le
phénomène, tout entier sous le signe de l’Autre Monde. Le
choix du thème de votre récit est donc très important. Pour
vous aider, voici une liste de personnages et de thèmes
possibles. Nous les accompagnons d’indications de lectures,
dont la plupart figurent dans la
Grande Anthologie du
Fantastique de J. Goimard et
R. Stragliati, 4 vol, coll. Omnibus, Presses de la
Cité, rééd. 1997.
1.
Le magicien ou le sorcier
Ce thème met en scène un être humain allié de l’Au-delà. Le
magicien agit sur la nature avec des formules magiques ou
des enchantements qui ont un pouvoir fatal sur les humains.
La malédiction d’un sorcier entraîne une maladie
épouvantable et surnaturelle.
La Marque de la
bête,
de Rudyard Kipling,
Lutundo,
d’Edgar Lucas White,
Les Lèvres de Henry Whitehead,
en sont des exemples connus. La magie ou les prédictions
astrologiques sont le thème du
Miroir d’encre de
J.-L. Borges et de
La Main
enchantée de G. de Nerval.
2.
Le fantôme
C’est un mort qui revient parmi les vivants pour les
tourmenter. Une âme en peine exige pour son repos qu’une
certaine action soit accomplie ;
un défunt revient sur terre pour persécuter son
meurtrier ;
un châtiment attache un fantôme au lieu où il a accompli un
forfait ;
un spectre est condamné à une course désordonnée et
éternelle ;
un mort revient pour se venger ou annoncer une mauvaise
nouvelle. Ce thème a été mis en œuvre par William
Austin, dans
Peter Rugg le
Disparu, par Ann Bridge dans
La Limousine
bleue,
par Alexandre Pouchkine dans
La Dame de
pique,
par Bram Stoker dans
La Maison du
juge, par Charles Dickens dans
Le
Signaleur, par R. Hickens
dans
Comment l’amour s’imposa au
professeur Guildea. La femme fantôme, issue de l’au-delà, est toujours
séductrice et mortelle :
le vivant qui l’aime et l’a perdue la rappelle et reste
prisonnier de la morte. Les récits débouchent sur la folie.
Ce thème a été développé par plusieurs
chefs-d’œuvre :
Véra,
de Villiers de l’Isle Adam,
Ligeia, La Chute de la
maison Usher, d’Edgar Poe
3.
Le double
Je suis double, et mon autre moi-même me fausse compagnie
pour me persécuter. Dans la littérature occidentale, ce
motif apparaît souvent lié à un déchirement de l’homme,
partagé entre le bien et le mal. Dans le domaine de
l’amour, le héros se partage entre deux femmes, l’une
symbole de la pureté, l’autre du vice. Le thème du double
permet bien des variations :
le portrait, l’ombre, le miroir y sont associés. Le thème
du double reflète l’angoisse de l’homme. C’est le thème
de
L’étrange cas du Dr Jekyll
et de M. Hyde de R. L. Stevenson,
de
L’Homme qui a perdu son
ombre de Chamisso, des
Aventures de la
nuit de la saint Sylvestre, d’E.T.A. Hoffmann, de
Lui ? de G. de
Maupassant, du
Portrait de Dorian
Gray, d’Oscar Wilde.
4.
La « chose »
La « chose » est terrifiante, car elle est
indéfinissable et invisible. Elle est présente, elle pèse,
elle tue ou elle nuit :
Fitz James O’Brien dans
Qu’était-ce ? et Ambrose Bierce,
entre autres, en ont tiré des récits saisissants. La
réussite inégalée de cette catégorie est
Le
Horla de Maupassant, qui allie
ce thème à ceux du double et du vampire, renouvelant tous
ces thèmes de façon magistrale.
5.
Le vampire
Les vampires sont des morts qui s’assurent une perpétuelle
jeunesse en suçant le sang des vivants. Le vampire est le
plus souvent un homme mort en état de péché mortel, un
sorcier, un infidèle, un assassin, un suicidé, ou une
victime contaminée elle-même par un vampire. Vous
connaissez de nombreux films qui traitent de ce thème, et
de nombreux récits s’y consacrent :
La Morte
amoureuse de Théophile Gautier,
La Fiancée de
Corinthe de Gœthe,
Le Gardien du
cimetière, de Jean Ray,
La Maison
maudite de H.
P. Lovecraft ;
mais le grand classique du genre demeure
Dracula,
de Bram Stoker.
6.
La statue animée
La statue, le mannequin, l’armure, l’automate, la poupée,
s’anime soudain et acquiert une redoutable
indépendance :
ce type d’histoire a inspiré Mérimée pour
La Vénus
d’Ille,
Achim von Arnim pour
Isabelle
d’Égypte et pour
Marie de
Melük-Blainville.
7.
Le monstre
Objets de terreur, de honte, de répulsion pour la plupart
des hommes, les monstres sont des signes dans lesquels il
est difficile de démêler s’il s’agit d’un message envoyé
par l’au-delà ou une particularité significative de
l’individu. Dans les contes de fées, le monstre est nain,
géant ou ogre. Dans la littérature fantastique, le monstre
est un criminel, un fou qui hante les récits de terreur. Ce
thème apparaît dans
Frankenstein de Mary
Shelley,
Lokis de
P. Mérimée,
Les Mains
d’Orlac de Maurice Renard,
Le Dernier
démon d’I. B. Singer…
8.
Le diable
Longtemps considéré comme le principe du Mal, le diable est
le tentateur par excellence. Son arme est le désir. Il est
associé aux péchés les plus graves qui entraînent à coup
sûr la malédiction et la mort. Il prend souvent une
apparence féminine séduisante. Le pacte avec le diable
permet d’obtenir l’amour, la richesse, le pouvoir, le
savoir. Le personnage emblématique est le Dr Faust.
Mais le diable habite de nombreux récits
fantastiques :
La combe de
l’homme mort de Charles Nodier,
L’homme qui a
vu le diable de Gaston Leroux,
Les Héritiers
du majorat d’A. von Arnim,
Le
Golem de G. Meyrink.
9.
La mort
Personnifiée, elle apparaît au milieu des vivants. Tantôt
lors d’une fête, elle désigne ses victimes l’une après
l’autre, pour les punir, ou selon les aléas du destin.
Tantôt elle attend celui qui la fuit dans la retraite même
où il avait couru se réfugier. Tous les récits fantastiques
la mettent en scène, mais elle apparaît en personne
dans
Le
Masque de la Mort rouge d’Edgar Poe.
10.
L’aberration de l’espace
La chambre, l’appartement, l’étage, la maison, la rue sont
effacés de l’espace. Un lambeau d’espace est aboli à
l’improviste, et le voyageur ne retrouve plus au matin la
chambre où il a dormi la nuit :
la paroi est lisse et sonne plein. Il n’y a pas de chambre
à cet endroit, il n’y en a jamais eu. Ce thème est illustré
par Jean Ray, dans
La Ruelle
ténébreuse, par F. J. O’Brien
dans
La
chambre perdue, par M. R. James
dans
La
chambre n° 13 et H. P. Lovecraft
dans
Les
rêves dans la maison de la sorcière.
Le thème exemplaire dans cette catégorie est le labyrinthe,
à la fois ouvert et isolé, multipliant les tours et les
détours. Le labyrinthe est un décor truqué, un espace
aberrant chez Lovecraft,
Les Montagnes
hallucinées, ou Borges,
La Bibliothèque
de Babel. 11.
L’arrêt ou la répétition du temps
À des minutes ou à des siècles d’intervalle, les mêmes
faits se reproduisent dans le même ordre ;
une chronique ancienne relate avec exactitude un événement
en train de se produire. Le temps se dédouble, se multiplie
ou s’immobilise. Il faut vivre deux fois, dix fois la même
horreur, chaque matin, jour après jour. Les éphémérides,
les journaux, les cachets de la poste répètent la même date
impitoyable. Potocki, Élizabeth S. Holding avec
Vendredi 19,
Edgar Poe dans
La Chute de la maison
Usher,
Erckmann-Chatrian dans
La montre du
doyen,
Jules Verne dans
Maître
Zacharius, Alain Dorémieux, dans
Fin d’un
amour ont enrichi ce thème.
Deuxième
étape :
Le scénario
Tous les récits fantastiques ne se déroulent pas selon la
même progression, bien heureusement. Cependant, des
constantes existent, et nous allons les rappeler pour vous
aider. Ces étapes sont l’introduction, l’avertissement, la
transgression, l’aventure, le châtiment et la conclusion.
Vous pourrez l’utiliser avec souplesse.
L’introduction
Dans l’introduction, le
narrateur explique en général pourquoi et comment il est
amené à raconter l’aventure qui lui est arrivée, à lui ou à
un de ses proches, ou dont il a été témoin. Il introduit
l’événement étrange en racontant ce qui l’a précédé et qui
reste dans le domaine réaliste. Le héros n’a aucun soupçon
de ce qui va lui arriver, il n’a pas peur car son aventure
commence de manière banale et ne comporte que de petits
faits insolites et isolés. L’histoire commence par quelques
pages réalistes, situées dans la banalité quotidienne, mais
où se glissent déjà, très discrètement, quelques événements
étranges.
Quand nous
partîmes pour notre promenade, le soleil brillait avec
éclat au-dessus de Munich et l’air s’emplissait de la joie
d’un début d’été. À l’instant même de notre départ, Herr
Delbruck (le maître d’hôtel des Quatre-Saisons où je
m’étais installé) descendit, nu-tête, à la calèche, et,
après m’avoir souhaité une bonne promenade, dit au cocher,
tout en laissant sa main sur la poignée de la
voiture :
— N’oubliez pas ! Soyez de retour à la tombée de la
nuit ! Le ciel paraît bien dégagé, mais il y a un
frémissement dans le vent du nord qui signifie parfois
l’arrivée soudaine d’une tempête. Mais je suis sûr que vous
ne rentrerez pas tard. (En disant cela, il sourit et
ajouta :)
Puisque vous savez de quelle nuit il s’agit.
Johann répondit par un emphatique « Ja, mein
Herr », et, touchant son chapeau, s’élança vivement.
Quand nous fûmes hors de la ville, je dis, après lui avoir
fait signe de s’arrêter :
— Dites-moi, Johann, de quelle nuit s’agit-il ?
Il se signa en répondant laconiquement :
« Walpurgis Nacht ! » Bram Stoker, L’Invité de
Dracula,
in Les
cent ans de Dracula, Librio, 1997.
8 mai —
Quelle journée admirable ! J’ai passé toute la matinée
étendu sur l’herbe, devant ma maison sous l’énorme platane
qui la couvre, l’abrite et l’ombrage tout entière. J’aime
ce pays, et j’aime y vivre s parce que j’y ai mes racines,
ces profondes et délicates racines, qui attachent un homme
à la terre, où sont nés et morts ses aïeux, qui l’attachent
à ce qu’on pense et à ce qu’on mange, aux usages comme aux
nourritures, aux locutions locales, aux intonations des
paysans, aux odeurs du sol, des villages et de l’air lui
même. Guy de Maupassant,
Le
Horla,
Librio, 1994.
L’avertissement L’avertissement est le début de l’action fantastique. Le
héros se met en action et quelqu’un ou quelque chose
l’avertit qu’il ne doit pas continuer ce qu’il projette
d’entreprendre.
Sur ces
entrefaites, le train, qui avait déjà fait d’assez
nombreuses haltes, ralentit de nouveau et je me levai.
— Je descends ici ;
bien du plaisir, Monsieur, et au revoir !
Je lui tendis la main.
Il la retint avec force, et je vis que son gros et cordial
visage avait soudainement blêmi.
— Ce n’est pas possible ! balbutia-t-il, vous ne
pouvez pas descendre… pas descendre… ici.
— Mais si… Adieu !
J’avais ouvert la portière et sauté sur le quai.
Il fit un geste inutile et, à ce qui me semblait,
désespéré, pour me retenir.
— Vous ne pouvez descendre… ici ! hurla-t-il.
Le train se remettait en marche ;
je vis le visage de mon compagnon de route se coller, tordu
d’angoisse, contre la vitre de la portière. Le train prit
de l’allure et ne fut qu’une ombre fuyante piquée d’un œil
flamboyant de cyclope. Jean Ray, La
choucroute, in La dimension
fantastique, Librio, 1996.
La
transgression Le héros ne tient pas compte de l’avertissement et
accomplit ce qu’il désirait faire, ou succombe à la
tentation. Il peut être intrigué par l’avertissement, mais
le plus souvent il s’en moque. Ces séquences, comme dans
les contes, peuvent être répétées.
Assises en
cercle dans les beaux bosquets du parc, elles s’amusaient
et riaient, sans se soucier des ombres croissantes du
soir ;
la brise tiède de juillet augmentait encore leur belle
humeur. Dans la magie du crépuscule, elles se mirent à
exécuter toutes sortes de danses bizarres, à jouer les
elfes et je ne sais quelles subtiles créatures.
« Attendez, s’écria Adelgunde, lorsque la nuit fut
tout à fait tombée, je vais vous apparaître sous la forme
de la Dame blanche, dont notre défunt jardinier nous
parlait toujours. Mais venez avec moi jusqu’au fond du
parc, près du vieux mur. » Et s’enveloppant de son
châle blanc, elle s’enfuit d’un pas léger sous la tonnelle,
suivie de la bande des jeunes filles riant à qui mieux
mieux. Mais à peine Adelgunde était-elle arrivée près d’une
vieille voûte à demi effondrée, qu’elle se figea et resta
là, tous les membres para lysés. L’horloge du château sonna
neuf heures. « Ne voyez-vous rien ? cria
Adelgunde, avec l’accent étouffé de l’épouvante, il y a
quelqu’un… là, juste devant moi… Seigneur !…. Cette
femme tend une main vers moi… Ne voyez-vous donc
rien ? » Ses compagnes ne voyaient absolument
rien, mais elles furent saisies de frayeur. Elles
s’enfuirent, sauf une, la plus courageuse qui se précipita
sur Adelgunde et voulut la prendre à bras-le-corps. Mais à
cet instant, elle tomba à terre, blême comme une morte.
Ernst Theodor Amadeus
Hoffmann, La soucoupe
volante,
in Contes
des frères Sérapion, trad. Albert Béguin, ©
Éditions Phébus, 1979.
L’aventure N’ayant pas tenu compte de l’avertissement, le héros va se
trouver entraîné involontairement dans une aventure
étrange. Tout à coup, un phénomène fantastique et
inexplicable se produit. Et à partir de ce moment, des
événements de plus en plus inquiétants se produisent, ou
bien le même événement se répète, parfois de plus en plus
intensément, sans que le héros puisse jamais expliquer ce
qui lui arrive.
On ne va plus respecter la frontière entre dedans et
dehors, hier et aujourd’hui, mort et vivant, animé et
non-animé, rêve et réalité.
Le feu qui
flambait jetait des reflets rougeâtres dans l’appartement,
de sorte qu’on pouvait sans peine distinguer les
personnages de la tapisserie et les figures des portraits
enfumés pendus à la muraille.
C’étaient les aïeux de notre hôte, des chevaliers bardés de
fer, des conseillers en perruque, et de belles dames au
visage fardé et aux cheveux poudrés à blanc, tenant une
rose à la main.
Tout à coup le feu prit un étrange degré
d’activité ;
une lueur blafarde illumina la chambre, et je vis
clairement que ce que j’avais pris pour de vaines peintures
était la réalité ;
car les prunelles de ces êtres encadrés remuaient,
scintillaient d’une façon singulière ;
leurs lèvres s’ouvraient et se fermaient comme des lèvres
de gens qui parlent, mais je n’entendais rien que le
tic-tac de la pendule et le sifflement de la bise
d’automne.
Une terreur insurmontable s’empara de moi, mes cheveux se
hérissèrent sur mon front, mes dents s’entrechoquèrent à se
briser, une sueur froide inonda tout mon corps.
La pendule sonna onze heures. Le vibrement du dernier coup
retentit longtemps, et, lorsqu’il fut éteint tout à fait…
Oh ! non, je n’ose pas dire ce qui arriva, personne ne
me croirait, et l’on me prendrait pour un fou.
Théophile Gautier,
La
cafetière, in La dimension
fantastique, Librio, 1996.
Le
châtiment Le héros vit désormais dans l’obsession du phénomène. Face
au danger, la fuite est toujours vaine. Le héros d’un récit
fantastique est toujours une victime. Le châtiment peut
prendre la forme de la malédiction, la mort, la folie.
Aussitôt, mordus
à rage, les hommes s’armèrent de tout ce qui pouvait tuer
et partirent à la Font-Chalard. Mais ces vengeurs ne
devinrent pas des assassins.
Le grand Chadorne gisait raide devant le trou d’eau, mort,
étranglé par les manches du manteau des loups.
« Il n’aurait pas fallu… il n’aurait pas
fallu… », grognait Eugène, tout en s’acharnant à
vouloir les desserrer de la gorge du grand Chadorne. Et il
lui donnait en même temps de rudes coups de pied, à croire
une bête immonde crevée là.
Enfin, on l’aida en tranchant à coups de hache ces manches
poilues, dures comme des pattes, ou des… bras ?
Ces choses-là, voyez-vous, on ne les oublie
jamais. Claude Seignolle,
Une
veillée,
in Histoires
vénéneuses, © Marabout, série
fantastique.
La
conclusion La conclusion marque la fin de l’événement fantastique.
Tout le récit doit se terminer par un point
d’interrogation. Le lecteur doit être incapable de choisir
entre une interprétation naturelle du phénomène ou une
interprétation surnaturelle. Les deux interprétations,
comme dans
La Vénus d’Ille ou l’extrait
précédent de
Une
veillée, doivent s’étayer sur les
indices ambigus. L’impossibilité de trancher définitivement
fait naître le trouble, le malaise, voire l’angoisse chez
le lecteur. Les monstres sont toujours parmi nous…
J’ai mis la tête
dans les mains ;
j’ai cru devenir fou comme Gryde. Ma logique s’est
révoltée :
la figure du tableau tenait dans sa main un poignard
qu’elle n’avait pas hier, et je reconnus aux ciselures
artistiques, que c’était le poignard que Gryde avait jeté
la veille sur son bureau !
*
J’ai conjuré Gryde de détruire la toile. Mais l’avarice a
encore combattu victorieusement la frayeur. Il ne voulait
pas croire que Warton allait tenir parole !
*
… Gryde est mort. On l’a trouvé dans son fauteuil,
exsangue, la gorge béante. L’acier meurtrier avait entamé
jusqu’au cuir du siège. J’ai jeté un regard terrifié sur le
tableau :
la lame du poignard était rouge jusqu’à la
garde. Jean Ray, Le
Tableau,
in Les
contes du whisky, © C. Lefrancq, 1996,
coll. Lefrancq en poche.
Troisième étape :
construire le personnage
Le héros principal d’un récit fantastique possède certaines
caractéristiques. Au départ, c’est un homme comme tout le
monde, qui est bien loin d’avoir l’étoffe d’un héros. Il se
caractérise par sa banalité. Ce fait permet au lecteur de
mieux s’identifier au personnage et de mieux susciter
l’angoisse :
si le fait surnaturel peut intervenir dans une vie aussi
tranquille, rien ne s’oppose à ce que moi aussi, lecteur,
je puisse en être également la victime.
Le personnage est généralement un homme de bon sens, réputé
pour son intelligence et sa mesure :
a priori, il est digne de foi.
La plupart des héros de récits fantastiques sont
seuls :
ils vivent une solitude sociale, affective et
intellectuelle que, très souvent ils recherchent au départ.
J’aime la nuit
avec passion. Je l’aime comme on aime son pays ou sa
maîtresse, d’un amour profond, instinctif, profond,
invincible […] Le jour me fatigue et m’ennuie. Il est
brutal et bruyant […] Mais quand le soleil baisse, une joie
confuse, une joie de tout mon corps m’envahit. Je
m’éveille, je m’anime. À mesure que l’ombre grandit, je me
sens tout autre, plus jeune, plus fort, plus alerte, plus
heureux. Guy de Maupassant,
La
Nuit.
Quand le personnage se trouve en présence du phénomène, il
est déchiré entre ses convictions rationnelles et la
réalité de ce qu’il a vu. Plus personne ne le comprend, et
sa solitude s’en trouve renforcée. Il se replie sur lui
même et ne peut rien faire d’autre que de se résigner à son
sort. Généralement il tente de lutter, il acquiert
progressivement un savoir sur les phénomènes fantastiques,
mais au prix d’une perte de pouvoir sur lui-même.
Quelque soit la manière dont le personnage vit sa rencontre
avec le surnaturel, il ne peut plus jamais être comme
avant, même s’il a la vie sauve.
À dater de cette
visite à Pompéi, Octavien fut en proie à une mélancolie
morne, que la bonne humeur et les plaisanteries de ses
compagnons aggravaient plutôt qu’ils ne la
soulageaient ;
l’image d’Arria Marcella le poursuivait toujours, et le
triste dénouement de sa bonne fortune fantastique n’en
détruisait pas le charme […] En désespoir de cause,
Octavien s’est marié dernièrement à une jeune et charmante
Anglaise, qui est folle de lui. Il est parfait pour sa
femme ;
cependant Ellen, avec cet instinct du cœur que rien ne
trompe, sent que son mari est amoureux d’une
autre ;
mais de qui ? […] Un tiroir secret, ouvert pendant
l’absence de son mari, n’a fourni aucune preuve
d’infidélité aux soupçons d’Ellen. Mais comment
pourrait-elle s’aviser d’être jalouse de Marcella, fille
d’Arrius Diomedes, affranchi de
Tibère ? Théophile Gautier,
Arria
Marcella.
Quatrième
étape :
choisir un narrateur
De nombreux récits fantastiques sont écrits à la première
personne, mais le choix de la troisième personne est tout à
fait possible. le choix de tel ou tel mode de narration
dépend de l’effet que vous voulez produire sur le lecteur.
Le
récit à la troisième personne
Il présente un personnage qui subit passivement les
événements, ne possède jamais suffisamment de lucidité pour
s’interroger sur lui-même et sur le phénomène surnaturel
qu’il subit. Il ne cesse de se tromper sur ce qui lui
arrive. Le récit à la troisième personne permet de tout
dire à sa place, d’analyser ce qu’il ressent de façon plus
complète et plus complexe qu’il ne pourrait le faire
lui-même. Il permet également de mener le personnage à une
fin tragique sans invraisemblance narrative.
Le
récit à la première personne
Deux cas sont possibles :
Le
personnage narrateur Lorsque le narrateur personnage entame le récit des
événements, le lecteur sait qu’il a eu la vie sauve. Toute
l’aventure est terminée, souvent depuis longtemps. le
narrateur personnage a été très profondément marqué par
cette expérience, et il essaie de la communiquer à
d’autres, parfois pour essayer encore de comprendre ce qui
a pu lui arriver. Souvent, il marque dans son récit qu’il
craint de ne pas être cru, il continue de s’interroger.
Le récit peut ici prendre la forme d’un journal intime,
comme
Le
Horla de Maupassant. Dans ce cas la
fin est ouverte, et le lecteur ne peut être fixé avec
certitude sur le sort du narrateur.
Le
narrateur témoin Un premier narrateur, totalement digne de foi, car savant,
archéologue, ou médecin, raconte des faits surnaturels dont
il a été le témoin. Il possède un certain recul par rapport
aux événements qu’il raconte. C’est le cas du narrateur
de
La
Vénus d’Ille. Il se sent supérieur
intellectuellement au personnage, mais il finit par être
troublé par les faits, ce qui renforce l’effet fantastique
de ceux-ci
Cinquième
étape :
varier le rythme du récit
•
La composition en gradation
C’est la structure la plus fréquente du récit fantastique.
Elle obéit à une règle de progression
ascendante :
le récit, après avoir posé les étapes successives, s’achève
au point culminant de l’histoire, au moment de l’irruption
du phénomène inexplicable.
La Vénus d’Ille de Mérimée
correspond à ce modèle.
•
La composition en accent circonflexe
Certains récits fantastiques choisissent de placer
l’événement surnaturel au centre de
l’histoire :
la première partie constitue une montée vers le drame
central, la deuxième expose les conséquences et propose
parfois des explications possibles. C’est le cas
d’
Inès
de Las Sierras de Charles Nodier.
•
La composition en ligne brisée
Cette structure, également fréquente, propose une
progression :
le surnaturel frappe à intervalles plus ou moins réguliers,
souvent de plus en plus fort, pour aboutir à la mort ou à
la folie du personnage.
La
Morte amoureuse de Gautier,
Le Horla de Maupassant font
intervenir le surnaturel à plusieurs reprises, entre
lesquelles le personnage vit des accalmies de plus en plus
précaires.
•
La construction en enchâssement :
le récit dans le récit
Un certain nombre de récits fantastiques se présentent sous
la forme d’histoires racontées au cours d’une soirée entre
amis. L’histoire fantastique est enchâssée dans un premier
récit qui met en scène les personnages de la veillée. Elle
prend parfois la forme d’un journal écrit par le héros, le
premier narrateur se contentant de présenter le document
dont il affirme l’authenticité. C’est le cas du
célèbre
Tour d’écrou de Henry James, de
nombreux récits de Maupassant :
La
chevelure,
La Main, La
Peur.
De tels récits s’achèvent sur un retour au monde normal,
cohérent et ordonné du lecteur. L’effet fantastique s’en
trouve atténué.
Sixième
étape :
décrire l’Impossible
Comment dire l’indicible ? Comment décrire ce qui
n’existe pas ? Voilà la plus grande difficulté
d’écriture à laquelle vous allez être confrontés. Vous
aurez sans doute la tentation de l’horreur, du
« gore », mais un véritable travail d’écriture
méprise ces effets trop voyants et trop faciles. Voici
quelques « trucs » qui vous permettront de faire
monter l’angoisse de façon plus subtile.
•
La caractérisation par défaut
Nommez le phénomène sans le nommer :
« la chose », « ça », « on »,
« quelqu’un ou quelque chose », » il »,
« la créature ». Utilisez toutes les possibilités
de la modalisation :
« peut-être », « sans doute » ; le
vocabulaire, les temps verbaux :
« C’était comme si… » ; « ça
ressemblait… » ; « On aurait
dit… » ; des phrases passives sans complément
d’agent :
« Et, en
allant, la bougie à la main, examiner la serrure de la
porte, je constatai qu’un tour de clef avait été donné
« en dedans », ce que je n’avais point fait avant
mon sommeil ».
Villiers de l’Isle Adam,
L’Intersigne.
•
La description négative
Le narrateur choisit de dire qu’il ne peut pas décrire, que
la créature qu’il évoque ne ressemble à rien de connu,
qu’elle ne rappelle aucune forme humaine, animale ou
végétale, n’entre dans aucune catégorie de la pensée ou du
souvenir.
J’aperçus en
pied, effrayante, vivante, l’inconcevable,
l’indescriptible, l’innommable monstruosité qui, par sa
simple apparition, avait pu transformer une compagnie
heureuse en une troupe craintive et terrorisée. Je ne peux
même pas donner l’ombre d’une idée de ce à quoi ressemblait
cette chose, car elle était une combinaison horrible de ce
qui est douteux, inquiétant, importun, anormal et
détestable sur cette terre.
H. P. Lovecraft,
Je suis
d’ailleurs, in La dimension
fantastique, Librio,
1996.
•
La description hyperbolique
Le narrateur amplifie les effets, grossit les détails,
utilise toutes les ressources d’un vocabulaire précis,
varié, ainsi que des exagérations, des accumulations qui
peuvent se combiner au procédé précédent.
C’était le
reflet vampirique de la pourriture, des temps disparus et
de la désolation ;
le phantasme, putride et gras d’égouttures, d’une
révélation pernicieuse dont la terre pitoyable aurait dû
pour toujours masquer l’apparence nue. Dieu sait que cette
chose n’était pas de ce monde — ou n’était plus de ce monde
— et pourtant au sein de mon effroi, je pus reconnaître
dans sa matière rongée, rognée, où transparaissaient des
os, comme un grotesque et ricanant travesti de la forme
humaine. Il y avait, dans cet appareil pourrissant et
décomposé, une sorte de qualité innommable qui me glaça
encore plus.
H. P. Lovecraft,
Je suis
d’ailleurs, in La dimension
fantastique, Librio,
1996.
•
La description oblique
Le phénomène n’est pas décrit ;
il n’est jamais vu en pleine lumière, ni sous tous ses
angles :
la nuit, le crépuscule, le brouillard, la pluie masquent
tout en montrant.
Ou alors, le phénomène est décrit par les effets qu’il
produit sur le héros, si épouvanté qu’il ne peut pas bien
voir, ni voir jusqu’au bout.
Dans la description du monde, on assiste au retour obsédant
de certains éléments :
vision imprécise, bruits inquiétants, rythmes sourds,
frôlements suspects, courants d’air, odeurs bizarres,
lueurs infernales.
• Les
images :
comparaisons, périphrases, métaphores et
métonymies
Le phénomène ne peut être désigné et décrit que par des
périphrases, des comparaisons, des métaphores, à la fois
pour augmenter la puissance de l’évocation et parce que le
langage humain est impuissant à en rendre compte.
Elle était brune
et pâle ;
ses cheveux ondés et crêpelés, noirs comme ceux de la nuit,
se relevaient légèrement vers les tempes à la mode grecque,
et dans son visage d’un ton mat brillaient des yeux sombres
et doux, charges d’une indéfinissable expression de
tristesse voluptueuse et d’ennui
passionné ;
sa bouche, dédaigneusement arquée à ses coins, protestait
par l’ardeur vivace de sa pourpre enflammée contre la
blancheur tranquille du masque ;
son col présentait ces belles lignes pures qu’on ne
retrouve à présent que dans les statues. Ses bras étaient
nus jusqu’à l’épaule, et de la pointe de ses seins orgueil
leux, soulevant sa tunique d’un rose mauve, partaient deux
plis qu’on aurait pu croire fouillés dans le marbre par
Phidias ou Cléomène. Théophile Gautier,
Arria
Marcella.
•
Le vocabulaire du regard
Le thème du regard est omniprésent dans la littérature
fantastique :
il faut traduire l’angoisse du personnage face au phénomène
qui regarde et ne dit rien, et manifeste toute sa puissance
en apparaissant. Certains passages du
Horla de Maupassant sont
littéralement hantés par le vocabulaire de la vision, au
double sens de l’acte de voir et de
l’apparition :
Je me dressais,
les mains tendues, en me tournant si vite que je faillis
tomber. Eh bien ?… on y voyait comme en plein jour, et
je ne me vis pas dans ma glace !… Elle était vide,
claire, profonde, pleine de lumière ! Mon image
n’était pas dedans… et j’étais en face, moi ! Je
voyais le grand verre limpide du haut en bas. Et je
regardais cela avec des yeux affolés ;
et je n’osais plus avancer, je n’osais plus faire un
mouvement, sentant bien pourtant qu’il était là, mais qu’il
m’échapperait encore, lui dont le corps imperceptible avait
dévoré mon reflet. Maupassant, Le
Horla.
•
La syntaxe et la ponctuation
Pour exprimer d’une façon appuyée un sentiment, une
émotion, une réaction vive, vous utiliserez les points
d’exclamation, les points d’interrogation, les points de
suspension. les phrases exclamatives abondent dans les
moments les plus émouvants, les phrases interrogatives
permettent de traduire le doute, l’hésitation qui est au
cœur du personnage fantastique.
Bondissant à bas
de mon lit, je me précipitai vers le miroir. Au spectacle
qu’il me renvoya, mon sang se glaça. Il n’y avait pas
d’erreur possible ! Lorsque je m’étais couché j’étais
encore Henry Jekyll et je me réveillais Edward Hyde !
Comment
expliquer ce mystère ? La question m’angoissait
terriblement, d’autant plus qu’elle était suivie d’un
corollaire :
comment redevenir Jekyll ? La matinée était fort
avancée, les domestiques debout, toutes mes drogues
enfermées dans mon cabinet ! Pour y accéder, il me
fallait descendre deux paires d’escaliers, traverser le
couloir du fond, la cour à ciel ouvert et enfin
l’amphithéâtre. Un long voyage n’est-il pas vrai ? À
la rigueur, je pouvais me couvrir le
visage ;
mais à quoi bon puisque j’étais incapable de dissimuler
l’altération de ma stature ! R. L. Stevenson,
L’étrange cas
du Dr Jekyll et de Mister Hyde.
— À peine l’écho
de mes coups était-il tombé dans le silence, qu’une voix me
répondit du fond de la tombe ! — une plainte, d’abord
voilée et entrecoupée, comme le sanglotement d’un enfant,
puis, bientôt, s’enflant en un cri prolongé, sonore et
continu, tout à fait anormal et anti humain, — un
hurlement, — un glapissement, moitié horreur et moitié
triomphe, — comme il en peut seulement monter de l’Enfer, —
affreuse harmonie jaillissant à la fois de la gorge des
damnés dans leurs tortures, et des démons exultant dans la
damnation ! Edgar POE, Le
Chat
noir.
•
Le vocabulaire de la peur
La peur est liée au phénomène surnaturel qui surgit tout à
coup. Elle saisit le héros brutalement et de plus en plus
fort, jusqu’à un paroxysme. Il est donc important de varier
les moyens d’expression de la peur, afin de ménager une
progression.
Vous utiliserez un dictionnaire analogique pour vous aider
à imaginer les manifestations physiques et psychologiques
de la peur.
L’Anglais était
mort étranglé ! Sa figure noire et gonflée,
effrayante, semblait exprimer une épouvante
abominable ;
il tenait entre ses dents serrées quelque
chose ;
et le cou, percé de cinq trous qu’on aurait dit faits avec
des pointes de fer, était couvert de sang.
Un médecin nous rejoignit. Il examina longtemps les traces
de doigts dans la chair et prononça ces étranges
paroles :
« On dirait
qu’il a été étranglé par un squelette. » Guy de MAUPASSANT, La
Main.
Fouillant
dans les larges basques de son habit, Coppola en tira des
lunettes et des lorgnettes qu’il posa sur la table. — Eh
bien donc ! eh bien des lunettes, des lunettes pour
mettre sul naso, voilà mes yeux à moi, belli
occhi.
Et il sortait lunettes sur lunettes, si bien que toute la
table se mit à tournoyer et à scintiller d’étrange manière.
Nathanaël voyait des milliers d’yeux croiser sur lui leurs
regards et s’agiter convulsivement, mais il ne pouvait
détourner sa vue de la table ;
et Coppola déposait toujours plus de lunettes, et de
nouveaux yeux étincelants lançaient des éclairs de plus en
plus redoutables sur Nathanaël, qui sentait leurs rayons
d’un rouge de sang pénétrer dans sa
poitrine. L’Homme au sable
d’Hoffmann
(1776-1822).
Septième
étape :
corriger son brouillon
Corriger son brouillon, ce
n’est pas seulement intervenir sur l’orthographe et la
ponctuation.
Certaines techniques peuvent vous aider à améliorer
facilement votre texte.
•
La présentation matérielle du brouillon
Le traditionnel cahier de brouillon n’est pas l’instrument
le plus pratique. Il est plus intéressant d’écrire sur des
feuilles de format A4, et uniquement au recto. Ceci permet
de déplacer sans difficulté un paragraphe ou un passage du
texte sans avoir à le réécrire, avec des ciseaux et du
ruban adhésif. Si vous travaillez sur un ordinateur, ce
travail de déplacement vous sera nettement facilité.
Ménagez des marges importantes de chaque
côté :
des flèches en marge vous permettront de signaler des
déplacements à faire au moment de la mise au net.
L’utilisation de la gomme et de l’effaceur présente un
double inconvénient :
— ils annulent la première version et interdisent toute
comparaison après-coup des différents
essais ;
— ils incitent à pratiquer des ratures seulement locales et
non des réécritures globales.
Mieux vaut donc éviter le crayon à papier par exemple.
Dans le même esprit, il vaut mieux pratiquer la biffure
(trait) plutôt que le caviardage (noircissure) pour
conserver sous les yeux la trace du « premier
jet » : il arrive que l’on soit amené à revenir à
la toute première formulation après en avoir essayé
plusieurs autres.
• Les
interventions sur le brouillon
Celles-ci peuvent être de quatre types :
la réécriture, l’addition de détails indispensables, le
déplacement, la suppression. Entraînez-vous par les
exercices suivants ;
1. Réécriture Voici le début d’une nouvelle fantastique. Récrivez-la en
travaillant successivement :
— la cohérence des lieux
— la présentation et la caractérisation des personnages
— le respect des lois du fantastique, en éliminant des
traces de merveilleux.
CHÂTEAU HANTÉ
ET TRÉSOR SECRET
Une nuit où il faisait sombre et où il y avait du
brouillard, des enfants découvrirent un labyrinthe dans
leur château. Il y avait une carte qui montrait qu’il y
avait un trésor, mais en fait, c’était une ruse pour tomber
dans la gueule d’un dragon. À côté de chez eux, il y avait
un cimetière très bizarre. Ils marchèrent dans cette
direction pendant des heures et Nordine, qui se retournait,
cria :
« Vite, courez ;
dans le labyrinthe, il y a des morts vivants derrière
nous. »
Les enfants avaient peur, ils criaient, et des mains
sortirent du sol et tentèrent de les atteindre. Les enfants
disaient :
« Au secours, on va nous tuer » Il faisait
sombre, et ils ne pouvaient pas
sortir :
on ne voyait plus rien. Soudain Choupette
dit :
« On est sauvé ! J’ai une torche dans ma poche,
maintenant nous pouvons sortir ! »
Cependant, lorsque les portes s’ouvrirent devant eux, un
dragon était là et crachait du feu orange. Heureusement
pour les enfants que le dragon ne réussit pas à les
attraper. Et puis, devant eux, il y avait des morts vivants
qui bougeaient, dansaient…
Yasmina, élève de 4e 2.
Addition 1e exercice
Dans le passage suivant, étoffez le dialogue en ajoutant
— des précisions sur les interlocuteurs
— des verbes introducteurs précisant le ton, le timbre des
voix, la manière de parler.
Le golem de
jadeComme
mon jardinier arrivait pour tondre la pelouse, je lui
dis :
« Fais attention à la statue, Victor.
— Elle n’est pas bien placée, Monsieur, cela m’empêche de
tondre.
— Fais un détour, on ne peut pas la déplacer.
— Maudite statue.
— Bon, je monte dans ma chambre, lui dis-je. »
Damien et
William, élèves de 4e 2e exercice
Dans le passage suivant, précisez les sensations physiques,
les sentiments, afin d’insister sur l’émotion ressentie par
le personnage :
OMBRES,
SARCOPHAGES ET LABYRINTHES
Le boyau
descendait en pente douce et devenait de plus en plus
humide. Après une centaine de mètres, je débouchai sur un
escalier. Je m’y précipitai, mais après un léger tournant,
je débouchai sur un cul-de-sac. J’entendais l’ombre monter
l’escalier. Dans la panique, je donnai de grands coups de
pied contre le mur face à moi. À mon étonnement, celui-ci
s’enfonça dans le sol, laissant la lumière du jour pénétrer
dans le souterrain à l’instant même où l’ombre me
rattrapait. Celle-ci s’écroula à terre et se désintégra.
Elle laissa tout de même à terre, en se désintégrant, un
objet que je ramassai. Je reconnus une longue bande
blanche, imbibée de l’odeur perçue dans le sarcophage. Je
sortis du souterrain et aboutis dans une forêt. Après
m’être retourné pour contempler la sortie du souterrain, je
constatai avec étonnement que celle-ci avait disparu. Je
n’arrivais même pas à la situer !
Antoine et
Romain, élèves de 4e. 3
.
Déplacements Comparez les deux versions suivantes du même début de
nouvelle :
VARIUM ET MUTABILE
4.
Suppression Ce geste de correction est plus rare quand il intervient
sur un paragraphe ou même sur une phrase entière. En
revanche, il est fréquent à l’intérieur d’une phrase.
Comparez les versions suivantes :
•
Les relectures
Relisez souvent votre texte, surtout si vous êtes
« bloqué »
Les relectures vous permettront d’éviter l’oubli d’un
élément, ou les contradictions qui peuvent surgir sur les
heures, les lieux, les particularités physiques ou
psychologiques d’un personnage…
Les relectures vous permettront de vous mettre à la place
du lecteur. Comme celui-ci fera une lecture de découverte,
il importe que votre texte soit clair. Vérifiez en
particulier à l’emploi des mots et expressions de
reprise :
substituts lexicaux ou grammaticaux, pronoms de reprise qui
évitent les ambiguïtés.
Huitième
étape :
un recueil de nouvelles fantastiques
Après avoir soigneusement revu votre brouillon, vous
mettrez votre texte au net avant de le présenter à toute la
classe, qui fera ses critiques positives et négatives, mais
toujours constructives !
Pour présenter en recueil les nouvelles écrites par
l’ensemble de la classe, veillez à leur ordre de
présentation, en pensant au lecteur :
rythmez le recueil en alternant les thèmes proposés, la
longueur des textes, le mode de narration. Veillez
particulièrement à la première nouvelle, celle qui donne
envie d’aller plus loin.
Rédigez la table des matières en travaillant soigneusement
sur les titres que vous allez donner aux textes, en
ménageant un effet d’unité et en suggérant le mystère.
Enfin, vous rédigerez ensemble une quatrième de couverture
et, peut-être, une introduction qui résumera les étapes de
cette grande aventure d’écriture en classe.
Il restera à chercher un titre à l’ensemble et à choisir
des illustrations.
Étude publiée dans
Textes et expression Nathan 4e