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Texte narratif, texte descriptif
PREMIÈRE PARTIE : NOTIONS ESSENTIELLES
Introduction
On distingue deux grands systèmes d'énonciation : le discours et le récit. À l'intérieur de chacun d'eux, on peut distinguer le texte narratif et le texte descriptif, qui se différencient sur plusieurs points.
I) Le texte narratif
x1. Définition générale
Le texte narratif représente, par l'intermédiaire d'un narrateur, des actions, des événements ou des transformations qui se développent dans le temps.
On reconnaît un texte narratif aux temps employés : ce sont les temps du récit essentiellement (passé simple en particulier), ou bien le présent et le passé composé. On le reconnaît aux repères temporels souvent nombreux (alors, après, plus tard...) ; les repères spatiaux peuvent également indiquer des changements temporels ; on le reconnaît enfin au lexique utilisé : ce sont souvent des verbes et des adverbes qui insistent sur l'action.
2x. Fonction de la narration
Selon le type de texte, la narration peut avoir pour fonction :
- de rapporter des faits réels : fonction informative, documentaire ;
- de raconter des faits imaginaires : fonction fictive ;
- de communiquer un message dont le sens doit être interprété et mis en relation avec d'autres faits : fonction symbolique ;
- de servir de preuve, afin de convaincre : fonction argumentative.
3x. Organisation de la narration
La narration peut être présentée de différentes façons : le narrateur peut participer ou non à l'histoire ; il peut adopter le point de vue limité d'un personnage ou être omniscient ; il peut varier l'ordre de présentation des faits en suivant un ordre chronologique ou non, entrer plus ou moins dans les détails et raconter plus ou moins vite les événements.
De manière générale, la progression de la narration est à thème constant : plusieurs actions peuvent être racontées en même temps, mais le thème général reste le même, pour que le récit reste clair.
La narration est rarement isolée ; elle est en général associée à la description ; parfois, un commentaire vient en interrompre le cours ; enfin, elle comporte souvent des paroles rapportées (quel que soit le style choisi pour les rapporter : style direct, style indirect ou style indirect libre).
II) Le texte descriptif
1x. Définition générale
Le texte descriptif représente des objets, des lieux, des personnages dans un espace donné. Lorsqu'il s'agit de personnages, on parle plutôt de portrait.
On reconnaît un texte descriptif à la présence nombreuse d'imparfaits dans un contexte au passé (attention : une description est au présent dans un contexte au présent). On peut noter également la présence de repères spatiaux (plus loin, sur...) ; le lexique utilisé comprend en général beaucoup de noms et d'adjectifs servant à caractériser l'objet, le lieu ou le personnage ; les verbes sont souvent des verbes d'état.
2x. Fonction du texte descriptif
Selon le texte dans lequel elle se trouve, une description peut avoir pour fonction :
- de communiquer un savoir sur le réel : fonction informative, documentaire ;
- de renforcer la vraisemblance d'une histoire : fonction réaliste ;
- de livrer des métaphores, des connotations..., dont la valeur est symbolique ; la description
devient alors image d'une autre réalité : fonction poétique;
- de servir à une démonstration : fonction argumentative ;
- de jouer un rôle dans le développement d'un récit (pour donner des indices importants pour l'intrigue) : fonction narrative.
x3. Organisation de la description
Un narrateur omniscient peut interrompre son récit pour décrire : c'est alors une description neutre. Souvent, le romancier (en particulier les romanciers réalistes) préfère la description subjective, associée à l'action et la perception d'un personnage.
En général, la progression de la description est à thème divisé : un thème d'ensemble est développé en sous-thèmes correspondant souvent à autant de paragraphes.
Comme la narration, la description est rarement présentée de manière isolée ; de plus, à partir du XIXme siècle, la fonction réaliste de la description a été largement privilégiée, de sorte qu'elle fasse partie intégrante du récit et n'apparaisse plus comme un ornement gratuit et qu'on pourrait aisément retrancher.
DEUXIÈME PARTIE : APPLICATION
Exercice 1 : Montrer de manière précise si les textes suivants sont descriptifs ou narratifs.
Texte a)
À peine dans la rue, Sénecé, qui avait un pistolet à chaque main, se mit à courir avec une extrême rapidité. Bientôt il entendit derrière lui des gens qui le poursuivaient. En arrivant près de son hôtel, il vit la porte fermée et un homme devant. "Voici le moment de l'assaut", pensa le jeune Français ; il se préparait à tuer l'homme d'un coup de pistolet, lorsqu'il reconnut son valet de chambre.
Stendhal, Chroniques Italiennes
Texte b)
L'abat-jour projette au plafond un cercle de lumière. Mais ce cercle n'est pas entier : un de ses bords se trouve coupé, à la limite du plafond, par la paroi verticale, celle qui est située derrière la table. Cette paroi, au lieu du papier peint qui recouvre entièrement les trois autres, est dissimulée du haut en bas, et sur la plus grande partie de sa largeur, par d'épais rideaux rouges, faits d'un tissu lourd.
Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe
Texte c)
Elle était grande, brune, avec de magnifiques cheveux noirs qui lui tombaient en tresses sur les épaules ; son nez était grec, ses yeux brûlants, ses sourcils hauts et admirablement arqués, - sa peau était ardente et comme veloutée avec de l'or ; elle était mince et fine, on voyait des veines d'azur serpenter sur cette gorge brune et pourprée.
Flaubert, Mémoires d'un fou
Exercice 2 : Analysez les composantes narratives et descriptives du texte suivant.
Le lendemain, à l'aube, la mère entendit quelqu'un traverser sa chambre en courant. Elle eut comme un pressentiment :
- Jan, c'est toi ?
Jan ne répond pas ; il est déjà dans l'escalier.
Vite, vite la mère se lève :
- Jan, où vas-tu ?
Il monte au grenier, elle monte derrière lui :
- Mon fils , au nom du ciel !
Il ferme la porte et tire le verrou.
- Jan, mon Janet, réponds-moi, que vas-tu faire ?
À tâtons, de ses vieilles mains qui tremblent, elle cherche le loquet. Une fenêtre qui s'ouvre, le bruit d'un corps sur les dalles de la cour, et c'est tout… Il s'était dit, le pauvre enfant : "Je l'aime trop. Je m'en vais…" Ah ! misérables cœurs que nous sommes ! C'est un peu fort pourtant que le mépris ne puisse pas tuer l'amour !…
Ce matin-là, les gens du village se demandèrent qui pouvait crier ainsi, là-bas, du côté du mas d'Estève.
C'était, dans la cour, devant la table de pierre couverte de rosée et de sang, la mère toute nue qui se lamentait, avec son enfant mort sur ses bras.
Exercice 3 : En quoi la description suivante est-elle une description subjective ?
Octave, jeune provincial héros du roman de Zola, Pot-Bouille, arrive à Paris.
Le cocher s'était penché.
- C'est bien passage Choiseul ?
- Mais non, rue de Choiseul… Une maison neuve, je crois.
Et le fiacre n'eut qu'à tourner, la maison se trouvait la seconde, une grande maison de quatre étages, dont la pierre gardait une pâleur à peine roussie, au milieu du plâtre rouillé des vieilles façades voisines. Octave, qui était descendu sur le trottoir, la mesurait, l'étudiait d'un regard machinal, depuis le magasin de soierie du rez-de-chaussée et de l'entresol, jusqu'aux fenêtres en retrait du quatrième, ouvrant sur une étroite terrasse. Au premier, des têtes de femme soutenaient un balcon à rampe de fonte très ouvragée. Les fenêtres avaient des encadrements compliqués, taillés à la grosse sur des poncifs ; et, en bas, au-dessus de la porte cochère, plus chargée encore d'ornements, deux amours déroulaient un cartouche, où était le numéro, qu'un bec de gaz intérieur éclairait la nuit.
Zola, Pot-Bouille (1882)