Chapitre 1 Un vieux couple dans un village reculé
Le vieux couple, Bouchaib et sa femme,
menait une vie au milieu des ruines hantées par les reptiles et les animaux sauvages
dans village montagneux au Sud du pays.Après plusieurs périples au Nord et dans une partie de l'Europe, l'homme y
avait élu domicile. C'est un bon croyant
et fin lettré qui possédait à Mazagan une échoppe lui permettant de vivre à l'aise dans ce village reculé.
Les deux vieux vivaient en bons termes
avec la nature hostile et les voisins. Et même s'ils n'avaient pas d'enfants,
ils n'éprouvaient
aucune amertume.
Chapitre 2: Un homme d'honneur
En sa qualité de policier du village, le
Vieux reçut, du temps de la colonisation, un Mozhazni
venu chercher des résistants
en fuite. Il le rabroua en lui signifiant sèchement que les fuyards n'étaient pas au village, et
en informa les concernés qui continuèrent à vivre en toute
quiétude. Après s'être délecté de ce souvenir qui lui était cher, Bouchaib alla tendre un piège pour attraper des
lièvres. Le lendemain, il en rapporta deux
et somma sa femme d'offrir un peu de viande à une vieille voisine.Avant de dormir, il dit à sa femme que le lendemain,
deux boeufs seraient sacrifiés à la mosquée, et lui parla d'un rêve qui hantait ses
nuits.
Chapitre 3; Le rêve lancinant
Cette nuit-là, le sommeil du Vieux est
troublé par le même rêve: il tombait du haut d'un amandier qu'il grimpait.Le matin, il se rendit, en compagnie du boucher et
d'un vieillard vénérable, à "la Mosquée haute" où régnait une
ambiance de fête qui se déroulait dans un rituel mémorable.
Chapitre 4: Le souvenir douloureux de l'occupation française
Le Vieux décrivit la fête du sacrifice des deux boeufs à sa femme qui apprécia lequartier de viande qu'il avait rapporté. En buvant le
thé et en fumant, il se rappela l'histoire
du Maroc sous l'occupation
française et les circonstances qui l'avaient conduit à s'installer
définitivement dans le village: il avait fui les villes meurtrières et misérables pour s'établir dans le giron des montagnes
où régnaient la quiétude et la sécurité.
1I y passait son temps à jardiner et à planter des arbres fruitiers, entourant
de grands soins les oiseaux qui nichaient
dans ses arbres et picotaient ses fruits. Il était devenu l'ami des
oiseaux; aussi les gens le prenaient-ils pour un saint ou un magicien.Tout en mangeant les amandes grillées et en sirotant
le thé, Bouchaïb parla à sa vieille épouse du passé colonial en en faisant le
procès. Après, il s'endormit pour faire la sieste; mais ne tarda pas à se réveiller
en sursaut à cause du rêve qui le persécutait.Il se remit à fumer
et à boire le thé en contemplant la montagne où la chasse du mouflon était une entreprise à haut risque pour des
chasseurs peu aguerris. Et de se rappeler
ses anciennes parties de chasse en compagnie d'amis, dont certains avaient été des bandits
qui pillaient les campagnes,Après le retour de la Vieille, qui était allée
donner à manger et à boire aux bêtes qu'elle
affectait,
il lui parla d'une scolopendre (mille-pattes venimeux des
régions méditerranéennes et tropicales, dont la première paire
de pattes est transformée en crochets
à venin) logeant dans les fentes du plafond et d'un serpent dans le réduit de l'âne, en affirmant qu'ils ne représentaient aucun danger
pour eux.Ils conversèrent un long moment des rapports entre les
bêtes et les hommes et de leur familiarité
avec les bêtes. La femme en vint à se désoler de l'absence de progéniture,
mais son mari la consola en lui citant les noms de prophètes et de rois
qui n'avaient pas d'enfants.
Chapitre 5: La modernité envahissante
Les deux vieux assistaient à la modernité envahissante qui gagnait du
terrain chaque jour. La première maison de
béton, dont le propriétaire est un Casablancais, apparut à proximité du cimetière, au lendemain de l'indépendance. Des pistes
furent aménagées et des voiturent les
sillonnèrent. Les anciennes maisons se ruinaient graduellement,surtout celles qui
trônaient au sommet de la montagne. Des pompes d'eau firent irruption dans le village; les bruits des radios
déchirèrent le silence des lieux. Le Vieux resta attaché à la tradition.
Chapitre 6: La mémoire saccagée par les mercantilistes
La modernité et la
tradition cohabitaient bon gré mal gré. Les villageois continuaient à cultiver leurs terres et à se rendre au souk
hebdomadaire en vue de s'approvisionner en produits modernes.Mais la femme
de Bouchaïb rechignait toujours à aller à la minoterie installée dans le village pour faire moudre ses céréales; elle utilisait
toujours sa meule. Et elle veillait pieusement
à ses bijoux en argent qu'elle préférait à ceux en or. Le couple déplora le pillage du
patrimoine archéologique, des bijoux ancestraux et des articles en bois porteurs
d'histoire, par les trafiquants de tous acabits qui les revendaient à des étrangers. Et le Vieux de mettre sa femme en garde
contre les camelots rapaces qui rôdent dans les villages.Bouchaib et sa femme étaient affligés par ces changements rapides qui annonçaient la ruine
des valeurs ancestrales: la dépravation des jeunes à cause de la ville,le culte
de l'argent, la rapacité qui mettait à mal
les relations familiales et humaines, l'irrespect des coutumes. Ils stigmatisaient notamment 1'acool et ses retombées
désastreux sur les jeunes. Après cette conversation sur les temps
ingrats, Bouchaïb révéla à sa femme qu'il était en train d'écrire des poèmes.
Chapitre 7: Le tremblement de terre entre explication scientifique et métaphysique
Un jour, à la fin
de l'été, après de bonnes récoltes, Bouchaib fumait alors que sa femme préparait le tajine. Un chat roux et une mule
avaient remplacé le chat noir et l'âne
morts depuis quelques temps. Le nouveau félin disparut vite après avoir goûté à peine sa pitance. La nuit, le couple sentit un
tremblement de terre. Le lendemain les deux Vieux apprirent que la ville d'Agadir avait été
complètement détruite. Les habitants du
village, pris de panique, firent montre d'une grande piété. D'aucuns y virent un châtiment divin, contrairement à Bouchaib
qui expliqua scientifiquement ce cataclysme naturel.Après une longue
attente, les paysans
se réjouirent des pluies
torrentielles
qui s'abattirent sur
leur village. Ces paysans, qui peinaient beaucoup pour subsister,préféraient rester dans leur terroir que d'aller
chercher une illusoire fortune dans les villes
pestilentielles au Nord du pays, où les parvenus sont arrogants et avares. Dans ces villes
régnaient la pauvreté, la mendicité et l'indifférence à l'égard du prochain.
Chapitre 8: L'Europe et la ville corrompent les cœurs et les mœurs
Le Vieux restait attaché à son village;
il refusait catégoriquement de le quitter pour s'installer dans les
ghettos de la ville, à l'instar des jeunes éblouis par la vie moderne.Ces
derniers, ingrats à la terre qui les a nourris, émigrent pour exercer de sots
métiers dans des conditions déplorables. La
plupart de ceux qui ont émigré vers l'Europe ne sont pas mieux lotis: ils vivotent dans l'humiliation. Leurs enfants, nés
en terre d'exil sont dépravés; ils ne respectent pas les vivants et
profanent les tombes des ancêtres.
Chapitre 9: L'histoire du saint méconnu
L'hiver était rude;
les habitants du village restaient tapis dans leurs demeures. Le couple conversa du nouveau fqih, jeune homme venu de
l'institut de Taroudant en remplacement de l'ancien maître d'école mis en
retraite.Pendant
que la femme préparait, comme d'habitude, le tajine, le Vieux écrivait l'histoire épique d'un saint méconnu, Il lut à voix
haute un fragment du poème qu'il avait composé. Son épouse le trouva fascinant.
Chapitre 10: Envolée lyrique à propos de l'orange
Le Vieux se réjouit
de l'avènement de la verdure printanière après les averses de l'hiver, ce qui permit au couple de manger des fruits
et des légumes frais. Un matin ensoleillé où les villageois étaient gais, Bouchaib
sortit son attirail d'écriture. En sirotant
le thé à l'absinthe, il pensa aux vieilles filles qui ne trouvaient pas de maris. Il conclut que le sort de ces dernières est mieux que
celui des femmes mariées, battues par
leurs époux et affaiblies par les multiples grossesses. Il continua l'écriture
quand sa femme,
qui revenait de l'extérieur, lui apporta des oranges. Il n'en mangea
pas,étant occupé par l'inspiration. Mais lorsqu'il rédigea
plusieurs pages, il dégusta une orange en débitant un discours poétique sur ce fruit.
Après le repas, un plat de couscous aux navets, il parla à sa femme du Mokaddem,
un ancien trafiquant, et s'endormit.
Chapitre 11: Les touristes
Le Vieux continuait
l'écriture de la vie du saint méconnu tout en initiant sa femme
aux mystères du monde. Le lendemain, un guide touristique
vint le voir pour louer sa mule et des
ânes: cinq touristes américains voulaient faire une randonnée dans la montagne.L'un d'eux était un étudiant qui faisait une
recherche sur les coutumes de la région; les autres des contestataires de la politique belliqueuse de leur pays.
Bouchaïb invita les visiteurs à prendre du
thé, mais il refusa de louer sa monture. Pressés, le guide et les touristes
s'excusèrent et partirent.
Chapitre 12: L'écriture
Les touristes partis, le Vieux descendit dans le jardin où il observa
le chat aux aguets pour attraper un oiseau. Après
avoir préparé le thé, il se mit à écrire. Au déjeuner, il informa sa femme de la visite du guide. Ce dernier ne
tarda pas à réapparaître pour lui dire qu'il n'avait pas trouvé de bêtes
de location: les villageois en avaient besoin pour leurs travaux de champ.
Chapitre 13: La circoncision
Deux jours plus tard, Salem, un jeune Noir, vint inviter le Vieux à la fête de circoncision des deux garçons de l'adjudant. Il se rendit à la demeure de son hôte qui le reçut chaleureusement. La circoncision des deux enfants effrayés terminés, les invités conversèrent autour de ce rite et de l’excision dans certains pays africains. Après ils allèrent manger du couscous aux tripes, et partirent.
Chapitre 14: Le transistor japonais
Le Vieux vitupéra contre les riches qui
s'étaient installés dans le village, et
condamne leurs vices, leur engouement pour la modernité fallacieuse et
leurs fortunes bâties grâce au vol. sa colère s'apaisa à la vue des amandiers fleuris.Ce matin -là de février, il alla à la
minoterie en vue de récupérer un colis en provenance de l'Hexagone. De retour chez lui, il y trouva, outre le thé et
le tabac que lui envoyait régulièrement
chaque trimestre un ami résidant en France, un transistor japonais et une robe française pour la Vieille. Aussitôt,
il se mit à écouter les paroles d'Ahwach. Son épouse apprécia beaucoup ces chants
berbères.
Chapitre 15: Les ennuis d'Amzil
Le Vieux fit venir Amzil pour qu'il ferre la meule.Le travail achevé, il invita le maréchal-ferrant à
prendre un verre de thé. Ce dernier lui conta ses ennuis à cause de l'accouchement difficile
de sa femme, et lui parla de la bienfaisance de Haj lahcène qui l'avait aidé