EXAMEN REGIONAL DU BACCALAUREAT
Région de Rabat – Salé – Zemmour - Zaïr - Juin 2008
Texte
Le souk des bijoutiers ressemblait à l’entrée d’une fourmilière. On s’y
bousculait, on s’affairait dans toutes les directions. Personne ne semblait se diriger
vers un but précis. Ma mère et Fatma Bziouya nous suivaient, mon père et moi, à
petits pas, étroitement enveloppes dans leurs haïks blancs. Elles discutaient à mi-voix
à qui mieux mieux. Les boutiques surélevées offraient à nos yeux le clinquant des
bijoux d’argent tout neufs qui semblaient coupés dans du vulgaire fer-blanc, des
diadèmes et des ceintures d’or d’un travail si prétentieux qu’ils en perdaient toute
noblesse, ces bijoux ne ressemblaient point aux fleurs. Aucun mystère ne les baignait.
Des mains humaines les avaient fabriqués sans amour pour contenter la vanité des
riches. Ils avaient raison, tous ces boutiques, de les vendre au poids, comme des
épices. J’en avis mal au coeur. De nombreux chalands s’agitaient d’une boutique à
l’autre. Leurs yeux luisaient d’avidité et de convoitise. D’autres personnages, hommes
et femmes, groupés ça et là, refoulaient leurs larmes.
Plus tard, j’ai saisi tout le sens de leur mélancolie. J’ai senti moi-même cette
humiliation de venir offrir à la rapacité indifférente des hommes ce qu’on tenait pour
son bien le plus précieux. Des bijoux auxquels s’attachaient des souvenirs, des
ornements de fête qui prenaient part à toutes nos joies deviennent sur un marché
comme celui-ci de pauvres choses qu’on pèse, qu’on renifle, qu’on tourne et qu’on
retourne entre les doigts pour finalement en offrir la moitié de leur prix réel.
Dés notre arrivée, des courtiers ou dellals vinrent nous proposer divers articles.
Mon père les regardait à peine. Il les refusait d’un signe de tête. Derrière nous,
appuyées au mur, les femmes chuchotaient. Le temps me sembla très long avant que
mon père finît par prendre, des mains d’un grand diable aux yeux extatiques qui
énonçait à perdre haleine un chiffre quelconque, une pire de bracelets tout en
cabochons pyramidaux, l’un or et l’autre argent. Il les passa à ma mère qui les
examina attentivement, les essaya quatre ou cinq fois, pria Fatma Bziouya de se les
passer au poignet pour en admire l’effet. Elle en discuta pendant un quart d’heure
chaque détail. Puis ma mère les rendit à mon père sans explication. Le courtier
continuait à répéter mécaniquement le chiffre qui devait représenter le prix de cette
marchandise. Mon père lui rendit les bijoux, fit un signe affirmatif. Le chiffre se
modifia et le grand diable de dellal plongea dans la foule. Sa main seule voyagea un
moment avec les bracelets au dessus des têtes et finit par disparaître.
Etude de texte
1. recopiez et complétez le tableau suivant
Auteur et titre de l’oeuvre
| Une autre oeuvre du même auteur
| Type de littérature (nationalité de l’écrivain) et type d’expression(langue d’écriture)
|
...............................
| ..........................
| ......................................
|
2. situez le passage dans l’oeuvre dont il est extrait.
3. Que remplace le pronom souligné dans le texte.
4. Dans le deuxième paragraphe « je » renvoie-il au narrateur enfant ou au narrateur
adulte ? Justifiez votre réponse.
5. recopiez et complétez le tableau suivant en vous référant au point de vue du
narrateur.
| Etat dans lequel se trouvent
| Degré d’importance ou coût des bijoux
|
Vendeurs
| 1. 2.
| 1. 2.
|
Acheteurs
| 1………………………
| 1. 2.
|
6. Deux phrases indiquent la manière dont le père exprime ces choix. Lesquelles ?
7. En quoi la présence de Fatna Bziouya est-elle utile ?
8. dans la troisième paragraphe, quelle image métaphorique se rapproche, par les sens,
de la première comparaison du premier paragraphe ?
9. L’enfant, la mère et la voisine rentreront à la maison, seuls, sans Si Abdesslam et
sans les bracelets. Que se passera-il ?
10. Plus tard, Lalla Zoubida demandera à Si Abdesslam de vendre les bracelets. Celuici
accepte. Quelle est la raison de chacun des deux époux ?
Production écrite
Sujet :
Antigone et Créon ont chacun une conception différente du devoir.
Quelle est votre propre conception du devoir sur le plan personnel, familial et social ?