Les premiers reportages Le reportage est d'abord un
compte rendu d'événements auxquels assiste le
journaliste sur le terrain. Dès les débuts de la
presse, et notamment à partir du
XVIIe siècle, les « nouvellistes » alimentaient les gazettes en informations de toutes sortes récoltées dans les villes où ils se rendaient, dans les salons et les tavernes où ils laissaient traîner une oreille, ou auprès des personnalités qu'ils fréquentaient
[1].Mais c'est à partir du milieu du
XIXe siècle qu'apparaissent les premiers reportages modernes. Aux
États-Unis, des journalistes sont envoyés sur le terrain pour suivre la
guerre de Sécession. La diffusion totale des journaux double alors
[2]. En
Europe, pendant les grands conflits comme la
guerre de Crimée (
1853-
1856) et la
campagne d'Italie (
1858-
1860), des
photographes suivent les armées dans des laboratoires-fourgons pour transmettre leurs clichés aux journaux. C'est le début du
photojournalisme.Le titre de
reporter, utilisé pour la première fois en
français par
Stendhal en
1829 [3], apparaît en
1866 dans
Le Figaro, alors devenu
quotidien, et dans
La Liberté que vient de racheter
Émile de Girardin.Peu à peu, les nouveaux moyens de communications (
télégraphe,
téléphone,
radio) permettront de transmettre l’information de plus en plus rapidement, presque en direct
Le reportage filmé
Un journaliste en plein reportageC'est à partir du début du
XXe siècle que les actualités cinématographiques s'ouvrent au reportage filmé. En
1908,
Pathé créé le
« Pathé Journal », qui fait la part belle à ses séquences tournées sur les lieux mêmes de l'événement. En
1934,
Leni Riefenstahl filme le congrès du
parti national-socialiste à
Nuremberg.Les actualités cinématographiques diffusées en salle ont pratiquement disparu aujourd'hui en
Occident. Elles ont laissé la place aux actualités des
journaux télévisés. Ces émissions sont réalisées par les
rédactions des
chaînes de télévision à partir d'
images et de
sons produits par ces chaînes elles-mêmes ou fournis par les
agences de presse télévisée présentes dans le monde entier.Le reportage filmé, équivalent cinématographique de l'
article de
presse écrite, est un document de courte durée (de moins d'une minute à quelques minutes) qui s'inscrit le plus souvent, lorsqu'il est diffusé, dans un journal ou dans un magazine télévisé. Depuis la naissance de la télévision, plusieurs émissions sont consacrées à des reportages :
Cinq colonnes à la Une,
52 sur la Une,
Reporters,
Faut pas rêver,
Ushuaïa Nature,
Zone interdite,
Thalassa, etc.Généralement tourné en
vidéo, il est assuré par un
journaliste rédacteur ou sous sa direction et par un
journaliste reporter d'images ou
caméraman reporteur .Le reportage filmé se distingue du
documentaire par le choix d'un
angle, c'est-à-dire d'un
point de vue qui servira de fil conducteur. Sa mission n'est pas de développer une problématique mais plutôt d'apporter un éclairage complémentaire à une information d'actualité.Un reportage filmé ne peut prétendre faire œuvre d'
objectivité. Le choix de l'angle, des témoins interrogés, des lieux et des évenements filmés constitue déjà un parti pris. La manière de filmer est aussi un élément subjectif qui révèle la personnalité et les intentions du journaliste. Des critiques comme
Pierre Carles et
Daniel Schneidermann dénoncent régulièrement les dérives du reportage télévisé. Pour
Pierre Bourdieu, le reportage est victime de la logique commerciale du journalisme qui privilégie les sujets « qui font vendre » et les personnalités « qui passent bien »
Le reportage
Parmi toutes les manières de transmettre de l'information, le reportage a toujours la cote. On peut parler de reportage chaque fois que le journaliste rapporte ce qu'il a vu, lu ou entendu. Le lecteur / spectateur prend alors contact avec l'information via le vécu du journaliste. Le style des reportages est souvent plus narratif, plus vivant. Le journaliste y est aussi plus fréquemment impliqué. Le ton, le langage laissent aussi, souvent, transpirer la perception propre du journaliste. Ce type d'information objective mais personnalisée est généralement bien perçue par le lecteur. La télévision en présente souvent tandis que la presse magazine, par nature même, y recourt plus largement que la presse quotidienne.
On distingue couramment le grand reportage, qui se détache par son importance, du reportage au quotidien.Ce genre journalistique est la plupart du temps annoncé
par une formule "De notre envoyé spécial à..."
par le présentateur qui annonce la séquence comme reportage,
par une indication explicite : REPORTAGE ,
par un classement dans le sommaire
par un avertissement dans la page programme ou le magazine de télévision.
L'article-reportageOn appelle "article-reportage" un texte dans lequel le journaliste rapporte les événements en allant sur le terrain, en se rendant sur les lieux de l'action. Il raconte alors ce qu'il a vu et ce qu'il a entendu sur place. Il devient en quelque sorte un témoin "subjectif" qui observe les faits avec sa propre sensibilité.Mais il ne suffit pas d'être sur les lieux pour réaliser un bon article-reportage. Encore faut-il que le reporter trouve le ton et les mots qui conviennent pour persuader ses lecteurs qu'il y était et pour leur faire vivre I'évènement presque en direct.Ce genre de texte dont l'interview, le compte rendu et le papier d'ambiance sont des formes particulières se doit donc d'être vivant. Sa longueur est variable et ses formes, multiples. "Le reportage est un peu le genre roi du journalisme parce qu'il rassemble la plupart des disciplines de la profession. "
Le journaliste y utilise un vocabulaire imagé qui traduit ce qu'il a "vécu"
(vu, entendu, senti) sur place. Et fréquemment, il cite l'une ou autre phrase prononcée par l'un des acteurs ou des témoins, des phrases qu'on lui a parfois confiées en exclusivité ou qu'il a saisies au vol.L'intérêt de l'article-reportage réside finalement dans le fait qu'il dépasse la sécheresse des dépêches de presse pour raconter l'événement avec un autre regard.
Un exemple: Reportage Le combat d'un journal
En Serbie, le quotidien indépendant Nasa Borba refuse de céder aux attaques du régime de Milosevic. Récit d'une guerre pour la démocratie. De notre envoyé spécial Sur Kneza Mihaila, la grande artère piétonnière de Belgrade où flotte en permanence l'odeur du pop-corn que les petits marchands proposent à chaque carrefour, des réfugiés de Bosnie-Herzégovine écoulent des cigarettes de contrebande sous le regard indifférent de la police. "Demandez Nasa Borba!" Le vendeur à la criée s'est installé à côté d'un kiosque à journaux. Provocation ? Nasa Borba est le seul quotidien interdit de diffusion dans le principal réseau de distribution du pays. Il coûte deux fois plus cher que les journaux de l'État, mais Boris, 18 ans, élève de terminale, en vend tout de même une centaine par jour, après les cours. "Un peu pour l'argent, un peu pour la démocratie", explique-t-il. Avant d'ajouter: "Mais la solidarité s'essouffle: comme mes clients sont de plus en plus pauvres, ils achètent moins souvent." [...] |
Le reportage audiovisuel.
Une même nouvelle peut, selon la façon dont elle est filmée, sonorisée, montée et commentée, apparaître plus ou moins dramatique et spectaculaire. Les cadreurs, les preneurs de son, les journalistes, les monteurs disposent de nombreux procédés techniques qui leur permettent de capter l'attention, susciter l'émotion du spectateur, voire de lui distiller à son insu des idées sur la façon dont il doit comprendre ce qu'on lui montre. A la longue, si l'on n'y prend garde, ces procédés peuvent engendrer la peur ou l'accoutumance, conduisant à de l'indifférence face à un monde où l'on voit régner une violence incompréhensible dont il faut avant tout se protéger. La structure-type d'un reportage à la télévision comprend plusieurs éléments : une séquence comprenant des images tournées sur le terrain, des interviews d'acteurs et de témoins de l'événement, des images d'archives et un plateau en situation où le reporter, placé dans un décor naturel, s'adresse directement aux téléspectateurs, debout et micro en main.