La relation parents-enfants de nos jours
Tout
d’abord, le constat est globalement le même quant à la relation
parents-enfants dans les sociétés occidentales (et quelque soit la
confession) :
les parents sont épuisés, stressés par le rythme de travail et les longs trajets voiture ou transports en commun,
les enfants sont débordants d’énergie mais ils s’ennuient, sont peu
autonomes et peu responsables et ils manquent franchement de repères ou
d’objectifs dans leur petite existence,
les parents se plaignent des enfants qui n’écoutent plus, qui
n’obéissent plus en ajoutant « ce n’était pas comme ça à notre époque »,
paradoxalement, les parents gâtent à outrance leur progéniture avec des
biens matériels pour compenser un manque d’amour ou rattraper la part
d’enfance qu’ils n’ont pas eue,
finalement, on se rend bien compte que le matériel ne compense pas
l’amour des parents, puisque les enfants en demandent toujours et sont
toujours insatisfaits,
l’enfant a besoin d’attention, d’amour, de jouer avec ses parents, de
découvrir le monde avec ses parents, de partager le train-train
quotidien dans le calme et la sérénité.
B) Que faire de mon enfant ? Quel avenir lui préparer ?
Tout parent se pose légitiment la question : comment éduquer mon enfant et vers quoi ?
le parent musulman a le souci d’assurer l’éducation de ses enfants,
autrement dit être présent, être aux côtés de ses enfants, afin de
remplir sa mission à l’égard de Dieu car l’enfant est un dépôt précieux
(amana)
le parent musulman est le premier transmetteur du message coranique,
porté par le Prophète (BSL) : il doit le transmettre par son
comportement avant tout et la parole accompagne ce comportement (et non
l’inverse).
Tout enseignement tiré du Coran ou de la Sunna doit être transmis avec
amour, patience et clarté. Il faut donner envie à nos enfants de rester
attachés à cette croyance et leur donner les moyens de résister.
L’enfant doit s’inscrire dans un processus de réussite de la vie ici-bas
dans la satisfaction de Dieu afin d’assurer sa réussite dans l’au-delà.
Les deux vies sont intimement liées.
C) Le premier lieu d’apprentissage, c’est la maison.
Les sociologues s’accordent à dire que le fait d’avoir pu accéder à un
enseignement universitaire élevé n’assure pas forcément l’ascension
sociale. Ainsi, on constate que 56% des fils, ayant eu un diplôme
supérieur à celui de leur père, occupent une position sociale analogue
(Raymond Boudon).
L’accès à l’université ne donne pas forcément accès à des emplois de cadre par exemple.
Aussi, on constate que le style éducatif des classes élevées (ce que
l’on appelle high society/ bourgeoisie situé à l’ouest) développe les
conditions favorables aux activités de connaissance (développement de la
curiosité, de l’esprit critique, etc).
Pourquoi ce constat social ? Quel est le rapport avec l’enseignement islamique ?
Si nous voulons que nos enfants réussissent dans la vie en occupant une
position sociale honorable, il est nécessaire de centrer nos efforts
dans cette tâche. Pourquoi ? Il n’est pas interdit de réussir
socialement, bien au contraire cela est encouragé.
Le fidèle musulman renvoie ainsi une image d’un être équilibré et en
harmonie avec Son Créateur et il donne aussi envie aux autres de lui
ressembler surtout s’il a su donner du sens à sa vie par une activité
spirituelle soutenue.
A la maison, les parents agissent sur deux niveaux sur le fond et la forme :
1. le fond : transmettre un savoir, un savoir-être, un savoir-faire
La maison ne doit pas s’organiser en école. Les faire participer aux
tâches ménagères, sortir faire du vélo, découvrir les légumes en faisant
le marché, aller au musée ou au cinéma, faire de la peinture, du
bricolage, de la couture, regarder des dessins animés avec eux, lire des
histoires, etc.
petit détail technique : c’est essentiellement la mère qui supervise les
activités de découverte (les jours de pas d’école et de vacances) ce
qui l’oblige à être centrée sur les enfants et à mettre de côté les
tâches ménagères. Et le père y contribue les week-end par exemple.
A travers ces activités, l’enfant se sécurise à nos côtés, gagne en confiance tout en gagnant en savoir et en habilité.
2. la forme : transmettre des savoirs avec méthode
Tout comme la création de Dieu est caractérisée par son ordre, éduquer
un enfant nécessite de la méthode. Par cette méthode, on prépare
l’enfant à acquérir la connaissance. Quelle est cette méthode ?
a) Exercer une autorité constructive, c’est mettre des limites indispensables pour que l’enfant puisse se construire, grandir.
Pour cela, on a besoin de la discipline, en lui inculquant un certain
nombre de règles de conduite imposées aux membres d’une société pour en
assurer son bon fonctionnement (ne pas voler, ne pas taper, ne pas
insulter, la politesse, respect d’autrui, etc)
Par l’éducation, on aide cet enfant naturellement égoïste et
individualiste à devenir un être social, c'est-à-dire à être capable de
vivre en société, en harmonie avec Dieu et les autres.
b) Il faut le motiver en le valorisant et en le félicitant (au lieu de critiquer et faire des remarques sans cesse)
En le félicitant sur un travail bien fait, nous l’encourageons à recommencer.
Une mère dont les enfants se chamaillent systématiquement en voiture ne
manque de remarquer les cinq rares minutes de tranquillité qu’ils lui
ont été offertes ce jour-là : « j’ai vraiment apprécié d’aller au
supermarché avec vous, vous avez été si sages. » Depuis ce jour, les
enfants se chamaillent moins souvent.
Par notre appréciation, nous l’encourageons à répéter ce bon comportement parce qu’il souhaite profondément nous faire plaisir.
Tout en sachant que l’enfant a besoin d’enfance et qu’il fait des
bêtises de manière naturelle sans vouloir vous offenser. Par ses
bêtises, il apprend si et seulement si les parents ont le courage de
laisser un enfant affronter les conséquences de ses propres décisions.
Mais, au bout du compte, il apprendra beaucoup plus de l’expérience
découlant de ses choix que de toutes nos leçons de morale, nos
interventions et nos aides.
Notre parole sert à féliciter et notre comportement sert à être imité.
D) Eduquer nos enfants : un tremplin spirituel
Etre parent n'est pas un obstacle à la pratique spirituelle.
Si nous avons l'intention de nous investir dans une voie spirituelle, la
relation profonde qui nous relie à l'enfant est l'occasion d'un travail
sur l'attachement et sur d'autres tendances.
En adoptant une attitude d'ouverture et d'écoute, nous devenons
vulnérable face à lui et c'est une chance de devenir plus lucide sur
nous-mêmes. Souvent, nos enfants sont comme des miroirs qui nous
renvoient nos défauts.
Non seulement l'enfant n'est pas un obstacle à la pratique spirituelle
mais il est celui qui nous invite à développer des qualités de patience,
de générosité et de diligence. Cette relation intime avec l'enfant peut
nous amener à clarifier l'égoïsme qui motive nos attentes et nos
projections envers lui.
Eduquer un enfant est l'occasion de nous éduquer nous-mêmes.
La bienveillance est au cœur de la démarche éducative.
Ecrit par Sonia Gharbi