Biographie de ChateaubriandCHATEAUBRIAND, François-René, vicomte de (Saint-Malo, 4 septembre 1768 - Paris, 4 juillet 1848), écrivain et
homme politique français.
Une enfance moroseLe jeune Chateaubriand dut d'abord vivre jusqu'à ses trois ans éloigné de
ses parents avec un éducateur, mais à l'âge de trois ans
la réussite de son père a permis à ce dernier de racheter
en 1771 le château de Combourg en Bretagne, dans lequel Chateaubriand
s'installa et passa une enfance souvent morose. Destiné d'abord à la
carrière de marin, conformément à la tradition familiale,
il était par tempérament tenté bien davantage par la prêtrise et la poésie.
Il fit de rapides études aux collèges de Dol-de-Bretagne et
de Rennes. A 17 ans, il obtint un brevet de sous-lieutenant au régiment
de Navarre, fut fait capitaine à 19 ans. Il vint à Paris en
1788, où il fréquenta les salons littéraires et fit
ses débuts littéraires en écrivant des vers pour l'Almanach
des Muses. Il est alors nourri de Corneille et marqué par Rousseau. À Paris,
il assiste aux premiers bouleversements de la Révolution, est
d'abord séduit par les débats d'idées mais prend en
horreur les violences qu'elle engendre.
L'ExiléEn avril 1791, par goût de l'aventure, il s'embarqua pour l'Amérique
et y voyagea quelques mois. Il en rapporta de volumineuses notes qui allaient
nourrir ses œuvres littéraires, notamment son Voyage en Amérique
(1826). Revenu à Saint-Malo au début de l'année 1792,
il se maria puis, émigra et rejoignit en Allemagne l'armée contre-révolutionnaire.
Blessé au siège de Thionville, il est transporté mourant à Jersey.
Ce sera la fin de sa carrière militaire (1793). Il passa ensuite sept
années d'exil et de misère à Londres. C'est là qu'il
publia
L'Essai sur les révolutions anciennes et modernes dans leur rapport
avec la Révolution française (1797) où il exprimait des
idées politiques et religieuses peu en harmonie avec celles qu'il professera
plus tard, mais où se révélait déjà son
talent d'écrivain.
Retour en France et premiers succès littéraires De retour en France en 1800, Chateaubriand, affecté par la mort de sa
mère et de l'une de ses soeurs, se tourne vers la foi catholique dont
il s'était écarté. Il fit paraître en 1801 Atala,
création originale qui suscita une admiration universelle. Il composa
vers la même époque René, œuvre empreinte d'une mélancolie
rêveuse, qui deviendra un modèle pour les écrivains romantiques.
Dans cette œuvre, il rapporte de manière à peine déguisée
l'amour chaste mais violent et passionné qu'il a entretenu pour sa sœur
Lucile, qui le surnommait « L'enchanteur ».
Il publia ensuite le
Génie du Christianisme (1802), dont Atala et René n'étaient à l'origine
que des épisodes : il s'était proposé d'y montrer que
le christianisme, bien supérieur au paganisme par la pureté de
sa morale, n'était pas moins favorable à l'art et à la
poésie que les « fictions » de l'Antiquité. Ce livre
fit événement et donna le signal d'un retour du religieux après
la Révolution.
Chateaubriand devint l'écrivain de la foi et fit la connaissance de
Mme Récanier qui deviendra l'amour de sa vie. Remarqué par le
Premier Consul Napoléon Bonaparte, il fut nommé secrétaire
d'ambassade à Rome en 1803. Mais, après l'exécution du
duc d'Enghien (1804), il donna sa démission et passa alors dans l'opposition à l'Empire.
Le voyage en OrientDeux ans plus tard, il s'embarqua avec sa famille pour l'Orient et visita
la Grèce, la Turquie, Jérusalem. Au cours de ces voyages, il
prit des notes pour sa prochaine oeuvre,
Les Martyrs ou le triomphe de la religion
chrétienne, publiée en 1809.
Il se retira dans sa maison de la Vallée-aux-Loups, près de Sceaux,
où il commença
Les Mémoires d'outre-tombe dont la rédaction
allait durer une trentaine d'années. Il fut élu à l'Académie
française en 1811, année de la publication de son Itinéraire
de Paris à Jérusalem, inspiré de son voyage en Orient.
Faveur et disgrâceDurant les Cent-Jours, Louis XVIII, réfugié en Belgique, le
fit Ministre de l'Intérieur. Après le désastre de Waterloo
et l'exil définitif de l'empereur à Sainte-Hélène,
il devint Pair de France et Ministre d'État.
Mais, en 1816 après avoir critiqué le pouvoir, il fut privé de
son poste et des revenus qui y étaient attachés, et dut vendre
la Vallée-aux-Loups. Il se jeta dès lors dans l'opposition ultra-royaliste
et devint l'un des principaux rédacteurs du Conservateur, le plus puissant
organe de ce parti. Le meurtre du duc de Berry, en 1820, le rapprocha de la
cour. Il fut nommé la même année ministre de France à Berlin,
puis ambassadeur en Angleterre et Ministre des Affaires Étrangères
en 1822.
La fin de sa vieMais après une tentative de complot avec la duchesse de Berry, contre
Louis-Philippe (1834), il abandonna la vie politique. Il composa
La Vie de
Rancé (1844). Ses dernières années furent passées
dans une profonde retraite ; il ne quittait guère sa demeure que pour
aller à l'Abbaye-aux-Bois, chez Juliette Récamier, dont il fut
l'ami constant et dont le salon réunissait l'élite du monde littéraire.
Il reprit
Les Mémoires d’outre-tombe et les continua presque jusqu'à ses
derniers moments. Ces Mémoires ne devaient paraître qu'après
sa mort ; toutefois, pressé par des besoins d'argent, qui l'assiégèrent
toute sa vie, il les céda dès 1836 à une société qui
lui assura un revenu convenable pour le reste de ses jours.
Cependant, sa santé déclinait. Chateaubriand meurt le 4 juillet
1848, à 80 ans. Ses obsèques solennelles eurent lieu à Saint-Malo,
dans sa Bretagne natale. Il fut inhumé sur le rocher du Grand Bé à Saint-Malo,
face à l'océan. Sur sa tombe, on peut encore lire cette épitaphe :
Un grand écrivain français
a voulu reposer ici
pour n'entendre que la mer et le vent.
Passant,
respecte sa dernière volonté.Œuvres Essai sur les révolutions (1797) Atala (1801) René (1802) Génie du Christianisme (1802) Les Martyrs (1809) Itinéraire de Paris à Jérusalem (1811) De Buonaparte et des Bourbons (1814) Les Natchez (1826) Vie de Rancé (1844) Mémoires d'outre-tombe, posthumes (1848). Les Mémoires d'Outre-Tombe, publiées d'abord dans le feuilleton de la Presse, ont été éditées de 1849 à 1850.
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| Chateaubriand sur un rocher
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Analyse de l'œuvre Par son talent comme par ses excès, Chateaubriand peut être considéré comme
le père du romantisme en France. Ses descriptions de la nature et son
analyse des sentiments du moi en ont ainsi fait un modèle pour la génération
des écrivains romantiques. Il a, le premier, formulé le « vague
des passions » qui deviendra un lieu commun du romantisme :
« On habite, avec un cœur plein dans un monde vide ; et sans avoir usé de
rien, on est désabusé de tout. » (Le Génie du Christianisme,1802).
Sa pensée et son action politiques semblent offrir de nombreuses contradictions;
il se voulait être à la fois l'ami de la royauté légitime
et de la liberté, défendant alternativement celle des deux qui
lui semblait être en péril :
« Je suis, a-t-il dit lui-même, bourbonien par honneur, monarchiste
par raison, républicain par goût et par caractère. »
Ses détracteurs lui ont reproché un style ampoulé et une
vanité excessive qui éclateraient dans ses
Mémoires d'Outre-tombe.
On observe dans ses Mémoires d'outre-tombe une dualité entre
le Chateaubriand personnel qui exalte ses sentiments avec un lyrisme romantique
et le Chateaubriand public qui établit une chronique de mémorialiste
de son époque, qui a vu l'avènement de la démocratie à laquelle
il s'opposait. On remarque que tout au long de son œuvre, les deux personnages
se regroupent en un seul, ils s'associent ainsi et l'on remarque que toute
la vie politique de Chateaubriand fut influencée par ses sentiments
personnels et sa solitude qui s'est transformée en une paranoïa
et une peur à l'encontre d'un éventuel complot qu'il croyait
formulé contre lui depuis qu'il fut éloigné à plusieurs
reprises du pouvoir monarchique.
Victor Hugo se serait exclamé, étant enfant : « Je veux être Chateaubriand ou rien ! ». (source :
www.wikipedia.fr)