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LA TRAGÉDIE MODERNEAuXXème siècle,le théâtre évolue vers une conception moderne en se libérant des contraintes classiques,en recourant a la fantaisie et en mélangeant les genres et les registres déjà le XIXème siècle avait vu naitre au genre nouveau,le drame romantique,un mélange de comédie et de tragédie avec Hugo,Henari,Ruy,Blas,Musset,Lorenzaccio...
la tragédie s'inscrit elle aussi dans cette mouvance.Si la conception classique a définitivement disparu,le tragique n'a pas pour autant cessé de préoccuper écrivains et philosophes qui ont beaucoup réfléchi sur le destin,la fatalité,le déterminisme de l'homme...
Plusieurs tentatives ont été faites pour ressusciter la tragédie,pour la moderniser,afin qu'elle puisse traiter les drames du siècle.ainsi Cocteau,la Machine infernale(1934);Giraudoux,Electre(1937);Anouilh,An tigone(1942) ,récrivent des mythes antiques de manière a les adapter au contexte historique contemporain.
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Aspects du tragique moderneSans doute, le développement du rationalisme scientifique, à partir du milieu du XIXe siècle, rend-il improbable la croyance, somme toute mystique, en une force transcendante et mystérieuse qui réglerait nos vies individuelles.
Mais à la fatalité antique s'est substituée une fatalité moderne, qui prétend parfois avoir des bases scientifiques: c'est ainsi que les romans du cycle des Rougon-Macquart, de Zola, expriment une variante du tragique. C'est le principe de l'hérédité auquel s'intéressait beaucoup la médecine de l'époque, qui joue, pour les personnages de Zola, le rôle de la fatalité. De même que, dans la mythologie grecque; la malédiction d'Atrée se transmettait à tous les Atrides, ses descendants (parmi lesquels Agamemnon, Electre, Oreste), ce sont les tares congénitales causées par l'alcoolisme que la famille de Gervaise, l'héroïne de L'Assommoir, se transmet de génération en génération. Quelle que soit leur bonne volonté, le « poison » que les enfants ont hérité des parents finira par entraîner leur perte.
Même si l'issue finale n'est pas catastrophique, le tragique moderne se trouve dans toute expérience qui révèle, de façon douloureuse et désespérante, la fragilité et la misère de la condition humaine. Ce n'est pas un hasard si Ionesco a défini sa pièce. absurde La Cantatrice chauve comme une « tragédie du langage ». Censé véhiculer ce qui fonde la supériorité de l'homme sur l'animal, à savoir la raison, le langage logique est littéralement désarticulé dans cette pièce, où l'on voit un quatuor de personnages échanger des propos incohérents ou des platitudes grotesques telles que « le plafond est en haut, le plancher est en bas ». L'impuissance de la raison humaine est ainsi reflétée dans le naufrage des mots. En somme, le tragique peut être produit par tout ce qui montre à l'homme qu'il ne peut pas contrôler sa vie: le temps, les déterminismes biologiques, voire les conventions sociales, qui se retournent contre l'individu.
Le tragique le plus sombre est sans doute l'absurde, la vaine recherche du sens de la vie dans un univers qui n'offre aucune signification. Ce thème n'est pas né avec Camus, bien que son nom s'impose chaque fois qu'il est fait référence aux philosophies de l'absurde. Mais, déjà au début du siècle, le romancier de langue allemande Franz Kafka (1883-1924), dans Le Procès, roman qu'André Gide a adapté au théâtre, nous montre la lutte inutile d'un homme contre des forces absurdes et aveugles qui ont décidé sa perte.
On voit donc que le tragique, s'il a trouvé son expression la plus adaptée dans une certaine forme théâtrale, dont les grandes périodes ont été l'Antiquité grecque et le XVIIe siècle en France , est une vision du monde qui traverse les siècles et les différentes formes d'expression artistique. Présent dans la littérature, les arts et la philosophie, il constitue une sorte de verre grossissant, à travers lequel l'humanité observe avec angoisse ce mélange de grandeur et de faiblesse qui la définit.