abdelhalim berri المدير العام
الإسم الحقيقي : Abdelhalim BERRI البلد : Royaume du Maroc
عدد المساهمات : 17537 التنقيط : 94962 العمر : 63 تاريخ التسجيل : 11/08/2010 الجنس :
| موضوع: LA FOLLE السبت 20 نوفمبر 2010, 16:54 | |
| Tenez, ditMathieu d'Endolin, les bécasses me rappellent une bien sinistre anecdote de la guerre.
Vous connaissez ma propriété dans le faubourg de Cormeil. Je l'habitais au moment de l'arrivée des Prussiens. J'avais alors pour voisine une espèce de folle dont l'esprit s'était égaré sousles coups du malheur. Jadis, à l'âge de vingt-cinq ans, elle avait perdu, en unseul mois, son père, son mari et son enfant nouveau-né.
Quand la mort est entrée une fois dans une maison, elle y revient presque toujours immédiatement, comme si elle connaissait la porte.
La pauvre jeune femme, foudroyée par le chagrin, prit le lit, délira pendantsix semaines. Puis, une sorte de lassitude calme succédant à cette crise violente, elle resta sans mouvement, mangeant à peine, remuant seulement les yeux. Chaque fois qu'on voulait la faire lever, elle criait comme si on l'eût tuée.On la laissa donc toujours couchée, ne la tirant de ses draps que pour les soins de sa toilette et pour retourner ses matelas.
Une vieille bonne restait près d'elle, la faisant boire de temps en temps ou mâcher un peu de viande froide. Que se passait-il dans cette âme désespérée ? On ne le sutjamais ; car elle ne parla plus. Songeait-elle aux morts ? Rêvassait-elle tristement, sans souvenir précis ? Ou bien sa pensée anéantie restait-elleimmobile comme de l'eau sans courant ?
Pendant quinze années, elle demeura ainsi fermée et inerte.
La guerre vint ; et, dans les premiers jours de décembre, les Prussienspénétrèrent à Cormeil. Je me rappelle cela comme d'hier. Il gelait à fendre les pierres ;et j'étais étendu moi-même dans un fauteuil, immobilisé par la goutte, quand j'entendis le battement lourd et rythmé de leurs pas. De ma fenêtre, je les vis passer.
Ils défilaient interminablement, tous pareils, avec ce mouvement de pantins quileur est particulier. Puis les chefs distribuèrent leurs hommes aux habitants. J'eneus dix-sept. La voisine, la folle, en avait douze, dont un commandant, vraisoudard, violent, bourru.
Pendant les premiers jours, tout se passa normalement. On avait dit àl'officier d'à côté que la dame était malade, et il ne s'en inquiéta guère. Mais bientôtcette femme qu'on ne voyait jamais l'irrita. Il s'informa de la maladie ; on réponditque son hôtesse était couchée depuis quinze ans par suite d'un violent chagrin. Il n'en crutrien sans doute, et s'imagina que la pauvre insensée ne quittait pas son lit par fierté, pour ne pas voir les Prussiens, et ne leur point parler, et neles point frôler.
Il exigea qu'elle le reçût ; on le fit entrer dans sa chambre. Il demanda d'unton brusque : "Je vous prierai, matame, de fous lever et de tescentre pour qu'on fousfoie." Elle tourna vers lui ses yeux vagues, ses yeux vides, et ne répondit pas. Il reprit : "Che ne tolérerai bas d'insolence. Si fous ne fous levez pas de ponnevolonté, che trouverai pien un moyen de fous faire bromener toute seule."
Elle ne fit pas un geste, toujours immobile comme si elle ne l'eût pas vu. Il rageait, prenant ce silence pour une marque de mépris suprême.
Et il ajouta : "Si vous n'êtes pas tescentue temain..."
Puis, il sortit. Lelendemain, la vieille bonne, éperdue, la voulut habiller ; mais la folle se mit à hurler en se débattant. L'officier monta bien vite ; et la servante, sejetant à ses genoux, cria : -"Elle ne veut pas, monsieur, elle ne veut pas. Pardonnez-lui ; elle estsi malheureuse."
Le soldat restait embarrassé n'osant, malgré sa colère, la faire tirer du litpar ses hommes. Mais soudain il se mit à rire et donna des ordres en allemand. Et bientôt on vit sortir un détachement qui soutenait un matelas comme on porte un blessé. Dans ce lit qu'on n'avait point défait, la folle toujourssilencieuse, restait tranquille, indifférente aux événements, tant qu'on la laissait couchée. Unhomme par-derrière portait un paquet de vêtements féminins.Et l'officier prononça ense frottant les mains : "Nous ferrons pien si vous poufez bas vous hapiller toute seule et faireune bétite bromenate."
Puis on vit s'éloigner le cortège dans la direction de la forêt d'Imauville.
Deux heures plus tard, les soldats revinrent tout seuls. On ne revit plus la folle. Qu'en avaient-ils fait ? Où l'avaient-ils portée ?On ne le sut jamais. La neigetombait maintenant jour et nuit, ensevelissant la plaine et les bois sous un linceul de mousse glacée. Les loups venaient hurler jusqu'à nos portes.
La pensée de cette femme perdue me hantait ; et je fis plusieurs démarches auprès de l'autorité prussienne, afin d'obtenir des renseignements. Je faillisêtre fusillé.
Le printemps revint. L'armée d'occupation s'éloigna. La maison de ma voisine restait fermée ; l'herbe drue poussait dans les allées.
La vieille bonne était morte pendant l'hiver. Personne ne s'occupait plus decette aventure ; moi seul y songeais sans cesse.
Qu'avaient-ils fait de cette femme ? s'était-elle enfuie à travers les bois ! L'avait-on recueillie quelque part, et gardée dans un hôpital sans pouvoir obtenir d'elle aucun renseignement. Rien ne venait alléger mes doutes ; mais, peu à peu, le temps apaisa le souci de mon cœur. Or, àl'automne suivant, les bécasses passèrent en masse ; et, comme ma goutte me laissait un peu de répit, je me traînai jusqu'à la forêt. J'avaisdéjà tué quatre ou cinq oiseaux à long bec, quand j'en abattis un qui disparut dans un fossé plein de branches. Je fus obligé d'y descendre pour y ramasser ma bête.
Je la trouvai tombée auprès d'une tête de mort. Et brusquement le souvenir de la folle m'arriva dans la poitrine comme un coup de poing. Bien d'autresavaient expiré dans ces bois peut-être en cette année sinistre ; mais je ne saispourquoi, j'étais sûr, sûr, vous dis-je, que je rencontrais la tête de cette misérablemaniaque.
Et soudain je compris, je devinai tout. Ils l'avaient abandonnée sur cematelas, dans la forêt froide et déserte, et, fidèle à son idée fixe, elle s'étaitlaissée mourir sous l'épais et léger duvet des neiges et sans remuer le bras ou la jambe.
Puis les loups l'avaient dévorée.
Et les oiseaux avaient fait leur nid avec la laine de son lit déchiré. J'aigardé ce triste ossement. Et je fais des vœux pour que nos fils ne voient plus jamais de guerre.
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عبدالله ناجح عضو متّألق
الإسم الحقيقي : ABDALLAH NAJIH البلد : ROYAUME DU MAROC
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| موضوع: رد: LA FOLLE الأحد 21 نوفمبر 2010, 11:35 | |
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alaa eddine عضو متّألق
الإسم الحقيقي : ALAA EDDINE KENNOU البلد : MAROC
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| موضوع: رد: LA FOLLE الثلاثاء 22 مارس 2011, 18:52 | |
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عبدالله ناجح عضو متّألق
الإسم الحقيقي : ABDALLAH NAJIH البلد : ROYAUME DU MAROC
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| موضوع: رد: LA FOLLE الأربعاء 04 مايو 2011, 06:32 | |
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